Baptême dans Vatican II : douteux ou invalide !

On m’a posé la question de la validité du baptême conféré par des hérétiques et schismatiques, comme les conciliaires de Vatican II.

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La noblesse et l’importance du baptême catholique. Le baptême de Clovis à Reims marque une étape décisive de l’histoire de France, de l’Europe et de l’Eglise.

Voyons d’abord le baptême par tous les hérétiques et schismatiques, ensuite nous considérerons la situation dans la secte conciliaire de Vatican II.

 

I. Le baptême conféré par un hérétique et/ou un schismatique

Voici quelques autorités sur ce sujet :

I.1. Le Sacro-saint Concile de Trente – Session VII

Sur les sacrements :

Canon XI : « 11. Si quis dixerit in ministris dum sacramenta conficiunt et conferunt non requiri intentionem saltem faciendi quod facit Ecclesia: a[nathema] s[it]. »

– « Si quelqu’un dit que l’intention au moins de faire ce que fait l’Eglise n’est pas requise chez les ministres tandis qu’ils confectionnent et confèrent les sacrements : qu’il soit anathème. »

Sur le baptême :

Canon IV : « Si quis dixerit baptismum qui etiam datur ab haereticis in nomine Patris et Filii et Spiritus Sancti eum intentione faciendi quod facit Ecclesia non esse verum baptismum: a[nathema] s[it]. » 

-« Si quelqu’un dit, que le Baptême donné même par les hérétiques au Nom du Père, et du Fils, et du Saint Esprit, avec intention de faire ce que fait l’Eglise, n’est pas un véritable Baptême : qu’il soit anathème. »

Ce n’est donc pas automatiquement que le baptême donné par un hérétique soit invalide. L’intention de l’Église étant d’effacer le péché originel, et tous les autres péchés, il se peut que des hérétiques, comme la plupart des protestants, ont cette intention valide.

Donc ceux qui sont baptisés chez eux avant l’âge de raison sont ipso facto (par le fait même) rattachés et unis à l’Eglise Une Sainte Catholique et Apostolique. Mais, arrivés à l’âge de raison, s’ils ne quittent pas leur secte hérétique et/ou schismatique, ils deviennent coupables du péché d’hérésie et de schisme !

I.2. Saint Cyprien fut dans l’erreur sur ce point

Saint Cyprien a été corrigé par le Pape Etienne (Denzinger n°110). Rohrbacher, dans Histoire Universelle de l’Église Catholique, considère qu’il est mort, réconcilié avec le Saint-Siège sur ce point.

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Saint Augustin

I.3. Le plus auguste des Pères de l’Eglise, Saint Augustin, dans son oeuvre De Baptismo au livre II a traité de Cyprien et de cette controverse. Il mentionne que l’Eglise gardait, au sujet des hérétiques et des schismatiques, l’habitude de ne pas réitérer ce qui avait été donné. Selon lui, cette coutume, comme bien d’autres, provenait de la tradition des apôtres (2.7.12 : Quam consuetudinem credo ex apostolica traditione venientem), qui comme coutumes étaient gardées à travers toute l’Église (et tamen quia per universam custodiuntur ecclesiam).

Alors ce sont des arguments des plus forts :

– ce qui vient des apôtres est infaillible ;

– et ce qui a été enseigné et pratiqué partout, toujours et par tous (« quod ab omnibus, ubique et semper creditur in Ecclesia ») est infaillible.

Saint Augustin sur la validité du baptême donné par les hérétiques et schismatiques – deux liens :

http://www.abbaye-saint-benoit.ch/saints/augustin/polemiques/donat/bapteme/livre1.htm#_Toc511549649

http://www.clerus.org/bibliaclerusonline/es/c2s.htm

Pourtant Saint Augustin reconnaissait le principe de la nécessité de l’intention bien sûr :  » le ministre est un être raisonnable et doit agir comme tel; son ministère doit donc consister dans unacte conscient et voulu, aussi ne peut-on préjuger de l’existence d’un sacrement à cause de la seule présence du rite, lorsqu’il n’y a nulle intention correspondante » (De sacramentis, II, 6, 13, P.L., CLXXVI, 460).

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Pape Pie XII

I.4. Documents pontificaux de S. S. Pie XII, tome 1949, pp. 549-550.

Déclaration du Saint-Office concernant la validité du Baptême conféré dans certaines sectes (28 décembre 1949).

« Un certain nombre d’évêques des États-Unis ont posé les questions suivantes à la Suprême Congrégation du Saint-Office :

En vue de juger les cas de mariage, peut-on considérer le baptême conféré dans les sectes des Disciples du Christ, des Presbytériens, des Congrégationalistes, des Baptistes, des Méthodistes, avec la matière et la formule nécessaires, comme invalide pour le motif que le ministre n’aurait pas l’intention de faire ce que l’Église fait et ce que le Christ a institué ?

Ou faut-il, au contraire, présumer ce baptême valide, à moins que, dans un cas particulier, il ne soit prouvé invalide ?

Le 21 décembre 1949, les Éminentissimes et Révérendissimes Cardinaux chargés de la garde de la foi et des mœurs, après avoir pris avis des Consulteurs, ont décidé de répondre aux questions:

– Non, à la première.
– Oui, à la seconde.

Le lendemain, 22 des mêmes mois et année, S.S. Pie XII approuva cette résolution, la confirma et la publia.

On sait que tout sacrement est valide sous réserve que soit employée la matière et prononcées les formules du sacrement et que le ministre ait l’intention de faire ce que fait l’Église. Telle est la doctrine de foi, et dès lors qu’une secte quelconque change substantiellement la matière ou les formules, il n’y a plus de sacrement. Cela peut être aisément constaté. Mais le problème est beaucoup plus délicat quand il s’agit de l’intention. Les théologiens ont discuté pour savoir si, avec une erreur fondamentale sur les effets du sacrement, le ministre a encore l’intention de faire ce que fait l’Église. Ils sont d’accord pour affirmer que, dans le cas où le ministre poursuit manifestement une fin opposée à celle de l’Église catholique et explicite cette opposition, la rectitude d’intention fait défaut. En conséquence, le sacrement n’existe pas. »

À la suite de cette déclaration, il ne faudrait pas conclure que, ipso facto, tout baptême administré par les presbytériens, les baptistes, les disciples du Christ, etc. est valide. Il importe d’examiner dans chaque cas si les conditions générales de validité ont été observées. On veut simplement dire qu’il ne faut pas a priori décréter que les baptêmes donnés dans ces sectes aux États-Unis sont invalides.

I.5. Le catéchisme du Concile de Trente donne encore plus d’explications :

« En troisième et dernier lieu, viennent ceux qui dans le cas de nécessité, peuvent administrer ce Sacrement, sans les cérémonies habituelles. De ce nombre sont tous les humains, hommes ou femmes, même les derniers du peuple et de quelque religion qu’ils soient. En effet, Juifs, infidèles, hérétiques, quand la nécessité l’exige, tous peuvent baptiser, pourvu qu’ils aient l’intention de faire ce que fait l’Eglise, en administrant ce Sacrement. Ainsi l’avaient déjà décidé plusieurs fois les Pères et les anciens Conciles. Mais la sainte Assemblée de Trente vient au surplus de prononcer l’anathème contre tous ceux qui oseraient soutenir que le Baptême donné par les hérétiques au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit, avec l’intention de faire ce que fait l’Eglise, n’est pas un Baptême valide et véritable.

Et certes, c’est là pour nous une belle occasion d’admirer la Bonté parfaite et l’infinie Sagesse de notre Dieu. Parce que le Baptême est nécessaire à tous, Il a choisi et institué pour matière de ce Sacrement l’eau, que l’on trouve partout, et en même temps II n’a voulu refuser à personne le pouvoir de l’administrer. Seulement, comme nous l’avons déjà dit, tous n’ont pas le droit de le conférer avec les cérémonies établies par l’Eglise ; non que ces rites et ces cérémonies soient quelque chose de plus auguste que le Sacrement lui-même, mais parce qu’elles sont moins nécessaires.

Au reste, s’il est permis à tous de baptiser, les fidèles ne doivent point s’imaginer pour cela que les convenances n’obligent pas à établir un certain ordre parmi les divers ministres de ce sacrement. Une femme, par exemple. ne doit pas se permettre d’administrer le baptême, s’il y a un homme présent ; ni un laïque, s’il y a un clerc ; ni un clerc s’il y a un prêtre. Cependant les sages-femmes qui sont accoutumées à baptiser ne sont nullement répréhensibles, si dans certains cas, et en présence d’un homme qui ne sait pas conférer ce sacrement, elles se chargent elles-mêmes de cette fonction, qui dans d’autres circonstances semble convenir beaucoup mieux à l’homme. »

I.6. Proposition condamnée par Alexandre VIII (nr. 1318 dans Denzinger, Enchiridion) :

«Valet baptismus collatus a ministre, qui omnem ritum externum formamque baptizandi observat, intus vero in corde suo apud se resolvit : Non intendo,quod facit Ecclesia. »

« Vaut le baptême conféré par un ministre qui observe tout le rite extérieur et la forme de baptiser, mais qui décide dans son coeur : ‘je ne veux pas ce que fait l’Eglise’ ».

Puisque ce propos est condamné, ce baptême-là n’est donc PAS valide.

I.7 Un exemple pratique : à cause de la négligence systématique avec laquelle la secte Anglicane a conféré des baptêmes (par aspersion de loin, etc.), l’Eglise catholique en Angleterre avait la coutume, de bien avant Vatican II, de réitérer en tous les cas les baptêmes des convertis. C’est assez particulier, mais compréhensible et prudent.

Mais dans d’autres cas le curé responsable doit bien sûr étudier et investiguer la validité des convertis baptisés cas par cas.

Conclusion :

L’Eglise a depuis longtemps réglé cette affaire, suivons donc sa Doctrine : les baptêmes conférés par les hérétiques et schismatiques avec la forme, la matière et l’intention requises, sont illicites mais valides.

* * *

II. Des baptêmes conférés dans la secte conciliaire

Avant 2007…

Si l’on applique cette doctrine aux baptêmes conférés dans la secte conciliaire, nous devons constater que dans le (mal nommé) catéchisme de l’Eglise catholique de Jean-Paul II en 1992…

https://fr.wikipedia.org/wiki/Cat%C3%A9chisme_de_l%27%C3%89glise_catholique

ils écrivent que le baptême efface les péchés. L’intention requise pour la validité est donc présente.

Après 2007…

Mais dans le document de 2007 de la COMMISSION THÉOLOGIQUE INTERNATIONALE, sur « L’espérance du salut pour les enfants qui meurent sans baptême » signé par Benoît XVI, ils espèrent – contre l’enseignement bimillénaire de l’Eglise, entre autres par Saint Augustin et Saint Thomas d’Aquin – que les enfants sont tous au ciel. Cela veut dire que le péché originel ne représente plus de péché d’important ou plus de péché du tout, que ce n’est pas un péché mortel qui prive de la vision béatifique et… que le baptême des enfants sans raison n’enlève donc pas de péché mortel originel, puisqu’il n’y en a pas. Et il n’y a eu très peu ou pas de réactions dans la secte conciliaire. Donc il  faut supposer que cette fausse doctrine y est acceptée quasi universellement.

Sur le site officiel de France ils mettent que le baptême est « un rite d’initiation dans l’Eglise », et rien d’autre.

Alors on doit supposer que les baptêmes conférés par la secte conciliaire au moins à partir de cette date sont tous invalides par une intention officielle et donc générale dans toute la secte, contraire à l’intention exigée par l’Eglise pour la validité.

Car même si les ministres conciliaires prétendent avoir « l’intention de faire ce que veut l’Eglise » cette intention est concrètement et réellement « l’intention de faire ce que veut l’anti-église » de la Rome apostate. Et depuis le susdit décret cette intention est clairement compromise.

L’anathème du Concile de Trente n’est pas appliquable dans ces circonstances-là, car il vaut évidemment uniquement pour les baptêmes conférés par des hérétiques et schismatiques qui n’ont pas d’intention contraire à celle de l’Eglise, comme la plupart des protestants. Sinon ils tomberaient sous les coups de la condamnation de Alexandre VIII.

En effet, nous avons vu ci-dessus (I.4.) que le Pape Pie XII avait déclaré que « dans le cas où le ministre poursuit manifestement une fin opposée à celle de l’Église catholique et explicite cette opposition, la rectitude d’intention fait défaut. En conséquence, le sacrement n’existe pas.»

L’Eglise enseigne encore qu’un sacrement douteux doit être considéré comme invalide, car il faut être certain au sujet des sacrements.

Si le baptême est réitéré en cas de doute le prêtre dit « si tu n’es pas baptisé je te baptise », et Dieu le sait si le premier baptême était valide ou non. Donc il n’y a certainement pas de risque de sacrilège de par la réitération d’un sacrement qui ne peut être reçu qu’une seule fois.

La photo, postée sur le Facebook de l'église de Saint-Ambrose, est devenue virale.

Pour « respecter » les nouvelles normes de distanciation sociale à l’occasion du Covid-19, un ministre conciliaire de Detroit, aux Etats-Unis, a utilisé en mai 2020 un pistolet à eau, rempli d’ « eau baptismale », pour « baptiser » un bébé. La photo a été prise par un paroissien de l’église Saint-Ambrose.

Pratiquement, pour vérifier la validité des baptêmes douteux, il faut interroger le baptisé (s’il était à l’age de raison lors du baptême) et – s’il est possible et utile – les parents, parrain et marraine, la famille et tous ceux qui étaient présents au baptême :

  • sur la matière du baptême :
  • qui doit être de l’eau
  • qui doit couler
  • sur le front (et pas sur les cheveux seulement, ce qui est douteux et donc invalide selont tous les théologiens de morale)
  • sur la forme :
  • le même ministre qui verse l’eau doit prononcer en même temps ces paroles : « (Prénom(s)s ), je te baptise au nom de Père, et du Fils et du Saint Esprit ». Le latin est obligatoire dans le rite latin pour la licéité, mais pas pour la validité de la forme.
  • sur l’intention : si le ministre est vivant, et qu’on peut lui parler, on lui demande ce qu’il pense du baptême : « s’il n’est qu’un rite d’initiation ou autre chose, ou s’il efface également tout péché et le péché originel, en particulier chez les bébés comme on le croyait avant le concilie Vatican II ? » Si la réponse est négative, l’intention a été contraire à celle de l’Eglise.
  • Personnellement j’ai eu, dans plusieurs cas, le ministre au téléphone et j’ai eu des réponses qui me permettaient d’agir en conséquence.
  • Si le ministre n’est plus vivant, on peut s’informer sur et par tout ce qui pourrait être utile pour connaitre l’intention, par exemple un livret ou une « feuille de baptême » donnée aux assistents avec les textes et explications du baptême. Si le doute ne peut être levé, il faut procéder à la réitération sous condition.

AMDG ESA

Ad maiorem Dei Gloriam animarumque salutem !

A la plus grande gloire de Dieu et le salut des âmes !

Abbé Eric Jacqmin +

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