Prophétie de Sainte Marguerite de Cortone (+1297)

Dieu lui avait donné, quoique née de parents pauvres, une grâce et une beauté dont son corps, conservé pur et odorant après un sommeil de plus de sept cents ans, garde encore les traces

Demeurée orpheline de sa mère à dix-huit ans et maltraitée par une marâtre impitoyable, elle prêta l’oreille aux séductions du monde et sa chute comme sa pénitence furent aussi célèbres au moyen-âge que les égarements et la conversion de saint Augustin dans les premiers siècles de l’Église. Appelée à, Cortone par Notre-Seigneur, qui voulait la guider par les Frères-Mineurs dans les voies du repentir et de la sainteté, elle y passa le reste de sa vie, dans une étroite cellule, puis dans un ermitage au haut de la ville, partagée entre la vie contemplative et les exercices de la plus ardente charité envers le prochain. Notre-Seigneur l’admit comme les Catherine de Sienne et les Térèse à une intimité admirable dans laquelleil lui révéla les secrets de son coeur et les destinées de son Église dans les derniers temps. Après vingt-trois ans ans d’une pénitence héroïque passée dans le Tiers-Ordre de saint François, elle rendit son âme à Dieu, le sourire de l’éternelle béatitude sur les lèvres, en 1297.

Sa vie a été fidèlement décrite par son confesseur et reproduite au long par les Bollandistes. Nous y lisons la prédiction suivante touchant les persécutions de l’Église dans les derniers temps. Un jour que la Sainte versait d’abondantes larmes, Notre-Seigneur lui dit:

«Sache en toute assurance qu’il arrivera une grande tribulation dans le monde, sous l’impulsion de l’un des principaux démons aux ordres de Lucifer et jusque-là retenu captif dans les enfers. Une fois déchaîné il parcourra l’univers entier et préparera habilement les voies a l’Antechrist dont il sera le précurseur. Et telle sera l’oppression, que des religieux en grand nombre quitteront leur ordre et les religieuses leurs monastères. En ce temps-là les Frères-Mineurs seront dans de cruelles angoisses. Mais je serai leur force, je les protégerai et mon appui sera assuré à leur Ordre. Qu’ils sachent aussi que je leur ai accordé une plus abondante grâce qu’aux autres familles religieuses. Qu’ils se préparent donc aux souffrances qui les rendront semblables à moi : tel est en effet mon amour pour eux que je voudrais voir leur vie conforme en tout à la mienne. Mais cet esprit infernal propagera dans le monde les trahisons et les homicides et il lancera sur le genre humain tout entier ses hordes infernales, comme on voit les cités dresser contre les cités des embûches et préparer des combats. Cet ennemi suscitera bien des périls à la sainte Église, s’efforçant de lui ravir le respect des fidèles qui en viendront à murmurer contre le service divin et la prédication, et oseront refuser la liberté à ma parole : « Et de divinoyfficio et proedicationîbus murmurabunt, et verbum meum nonpoterit libère prcedicari ».

Au mois de mai de l’an 1288, Notre-Seigneur, revenant sur ce sujet, dit à la Sainte :

« Mon élue, ce malin esprit, que je t’ai annoncé, est maintenant sorti de l’enfer pour dresser des embûches aux âmes par le moyen d’une très-nombreuse armée de démons ; ils sont pour le moment dans une solitude inaccessible aux hommes et ils mettraient tous ceux-ci a mort s’ils l’osaient. Cet envoyé de Lucifer, si plein de malice, craint de reparaître devant son maître avant d’avoir tenté de mettre à exécution ses affreux desseins.NToute la tourbe des esprits mauvais restés en l’air s’efforce d’exécuter ses ordres ; ils le regardent comme un chef consommé en malice et le tiennent au courant de tous leurs méfaits dans le monde. Tel est le génie pervers de ce nouveau chef des démons que, depuis l’origine du monde, les hommes n’ont jamais apporté autant de science dans l’iniquité et dans les discordes qu’ils ne le font maintenant, et le feront encore plus tard. Cet inflexible fauteur de la perdition générale fera en son temps un plus grand carnage des âmes que l’Antéchrist lui-même quand il sera au monde. Celui-ci prendra bien des âmes dans ses filets, mais à la fin, il lui en restera peu; de plus le très-cruel lieutenant de Lucifer organisera bien des maux et fera donner la mort a bien des hommes du monde. Dis aux Frères-Mineurs d’attendre de pied ferme cet ennemi cruel qui leur tendra bien des pièges. Que mon Ordre prenne courage, car je serai avec lui. Mais que les Frères sachent bien que les pécheurs font de leurs âmes des étables abominables et criminelles ; c’est aux Frères de purifier ces étables parleurs prédications en se gardant bien de jeter le désespoir dans les coeurs. Que si les Frères ne peuvent obtenir une pénitence « parfaite, qu’ils se contentent de moins et qu’ils s’efforcent de détruire la racine du vice dans les âmes par des confessions éclairées.»

Un autre jour le divin Maître ajouta sur le même sujet:

« Dis aux Frères Mineurs de se tenir prêts pour l’épreuve, car le temps n’en est pas éloigné; ils sembleront alors déchus de leur premier état; mais je serai avec eux, et aucun Ordre religieux dans le monde ne me restera si cher ni me servira avec tant de fidélité »

Un second dimanche de l’Àvent, Notre-Seigneur parla encore des derniers temps à la sainte pénitente :

« Tu es appelée, lui dit-il, à soutenir une rude guerre contre mon ennemi. Quant à mon peuple, sache qu’il ne me reconnaît plus; il me laisse en oubli et ne prend nul souci de mon service. Cependant, malgré le déshonneur que je reçois de lui, malgré ses crimes, je n’élève pas la voix devant mon Père pour me plaindre comme je le fais auprès de toi et ne lui demande pas qu’il punisse les coupables, mais je plaide au contraire leur cause en sa présence et je me plais à obtenir leur pardon. Toutefois, je te le déclare, d’amers châtiments attendent les pécheurs; ils auront à souffrir des guerres désastreuses, des famines et des pestes, avant que vienne la fin des temps. Les fauteurs des vices de l’âme.et du corps sont en effet devenus tellement nombreux, qu’il est impossible de les laisser plus longtems agir impunément. Les chrétiens sont devenus plus savants dans le mal que ne l’ont été les juifs au temps de ma Passion. Je demande donc que les prédicateurs de ma parole meurent au monde et à eux-mêmes sans réserve afin de toujours vivre en moi de la vraie vie. » En achevant ces paroles, Notre-Seigneur la bénit comme de coutume.

—Notons enfin cette particularité que le divin Maître recommanda un jour, tout spécialement, à son admirable servante, de professer une dévotion spéciale à saint Joseph1 : « Si tu veux arriver, lui dit-il, au but de tes désirs, élance-toi à grands pas dans le chemin de la croix; tu atteindras ainsi sûrement ces accroissements de grâces que tu ambitionnes. Je te demande aussi d’honorer chaque jour d’un culte particulier la bienheureuse Yierge et saint Joseph, mon très-fidèle nourricier, car bienheureux les coeurs purs, parce qu’ils verront Dieu : « Bogo te, quod omni die specialem faciasreverentiam laudum beatce Virgini, sancto Joseph devotissimo nutritio meo, quia Beati mundo corde, quoniam ipsi Deum videbunt ». »

Sources: Signes et Apparitions Prophetiques tome 2 Abbe Jean-Marie Curicque 1872

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