Le terme est correcte dans une large mesure : le préfixe « semi- » dans des termes comme semi-arien, semi-pélagien, ou autres, indique généralement une position théologique qui n’est pas pleinement hérétique, mais qui est perçue comme s’écartant de l’orthodoxie ou favorisant des idées associées à une hérésie . Cependant, il est important de nuancer cette idée, car le sens précis du « semi- » dépend du contexte historique, théologique et des intentions des acteurs impliqués. Voici une clarification détaillée :
1. Signification du « semi- » dans les contextes théologiques
– Position intermédiaire ou ambiguë : Le terme « semi- » suggère que les personnes ou groupes concernés ne souscrivent pas pleinement à une hérésie condamnée, mais adoptent des idées, des formulations ou des pratiques qui semblent proches ou sympathiques à cette hérésie. Cela peut inclure :
– Une tentative de compromis entre l’orthodoxie et une hérésie (par exemple, les semi-ariens cherchant une voie médiane entre l’arianisme et Nicée).
– Une ambiguïté doctrinale, où certaines formulations sont jugées suspectes sans être explicitement hérétiques.
– Une influence partielle d’une hérésie, sans en adopter toutes les implications.
– Perception subjective : Ce qui est qualifié de « semi-hérétique » dépend souvent du point de vue de l’autorité orthodoxe (par exemple, les évêques nicéens, les conciles, ou l’empereur). Les accusés eux-mêmes pouvaient se considérer comme orthodoxes.
2. Exemples pour illustrer
– Semi-ariens (IVe siècle) :
– Ils n’étaient pas pleinement ariens (qui niaient la divinité du Fils), mais leur formule du « Fils de nature similaire » (homoiousios) était vue comme un compromis dangereux, car elle évitait la consubstantialité (homoousios) de Nicée.
– Ils « favorisaient » l’arianisme dans le sens où leur position pouvait être interprétée comme un affaiblissement de l’orthodoxie, mais beaucoup cherchaient à rester dans l’Église.
– Semi-pélagiens (Ve siècle) :
– Ils n’adhéraient pas au pélagianisme (qui niait le péché originel), mais leur insistance sur le rôle du libre arbitre humain dans le salut était perçue comme une concession à des idées pélagiennes.
– Leur position était jugée comme favorisant l’hérésie sans la défendre explicitement.
– Semi-nestoriens (Trois Chapitres, Ve-VIe siècles) :
– Dans la controverse des Trois Chapitres, Théodore de Mopsueste , Théodoret de Cyr et Ibas d’Édesse n’étaient pas considérés comme nestoriens à part entière (Nestorius avait été condamné à Éphèse en 431). Cependant, leurs écrits, influencés par l’école d’Antioche, étaient jugés trop proches du nestorianisme (séparation des natures du Christ).
– Ils « favorisaient » l’hérésie dans le sens où leurs formulations pouvaient être interprétées comme compatibles avec des idées nestoriennes, sans les endosser pleinement.
3. Favoriser l’hérésie : une nuance importante
– Favoriser sans adopter : Être « semi-hérétique » signifie souvent que la personne ou le groupe n’a pas explicitement adopté l’hérésie, mais que leurs idées, écrits ou actions sont perçus comme :
– Ambiguës , laissant place à des interprétations hérétiques.
– Proches d’une hérésie , par des formulations ou des concepts similaires.
– Facilitant l’hérésie , en affaiblissant l’orthodoxie ou en offrant un terrain fertile pour des idées hérétiques.
– Exemple dans les Trois Chapitres :
– Théodore de Mopsueste était accusé d’avoir influencé Nestorius par ses écrits christologiques, bien qu’il soit mort avant la controverse nestorienne. Ses idées étaient vues comme « favorisant » le nestorianisme.
– Théodoret et Ibas , bien qu’orthodoxes à Chalcédoine, avaient des écrits critiquant Cyrille d’Alexandrie, ce qui les rendait suspects aux yeux des monophysites et de Justinien.
4. Limites de l’interprétation
– Pas toujours intentionnel : Les « semi-hérétiques » ne cherchaient pas nécessairement à promouvoir une hérésie. Par exemple, les semi-ariens voulaient souvent réconcilier les factions théologiques, et les semi-pélagiens pensaient défendre une vision équilibrée de la grâce.
– Étiquette polémique : Le terme « semi- » était parfois utilisé par les adversaires pour discréditer une position sans prouver une hérésie complète. Par exemple, les monophysites pouvaient accuser les chalcédoniens d’être « semi-nestoriens », et vice versa.
– Contexte politique : Dans la controverse des Trois Chapitres, Justinien a condamné les Trois Chapitres pour des raisons autant politiques (apaiser les monophysites) que théologiques. Qualifier ces auteurs de « semi-nestoriens » servait à justifier leur condamnation sans remettre en cause Chalcédoine.
Oui, le préfixe « semi- » dans des termes comme semi-arien, semi-pélagien, ou semi-nestorien (implicite pour les Trois Chapitres) indique que ces groupes ou individus n’étaient pas pleinement hérétiques , mais étaient perçus comme favorisant une hérésie par leurs idées, formulations ou influences, sans les adopter intégralement. Ils occupaient une zone grise entre orthodoxie et hérésie, souvent dans un effort de compromis ou à cause d’ambiguïtés doctrinales. Dans le cas des Trois Chapitres, Théodore, Théodoret et Ibas furent condamnés pour des écrits jugés trop proches du nestorianisme, bien qu’ils ne fussent pas pleinement nestoriens, ce qui correspond bien à cette idée de « semi-hérétique ».
Le préfixe « semi- » dans des termes comme semi-arien, semi-pélagien, ou autres semi-hérétiques, indique généralement une position théologique qui n’est pas pleinement hérétique, mais qui est perçue comme s’écartant de l’orthodoxie ou favorisant des idées associées à une hérésie
C’est exactement le cas de Jean XXIII, suspect d’hérésie sous Pie XII mais jamais condamné pour hérésie tout court, Pie XII l’a laissé Patriarche de Venise.
NB
- L’Eglise utilise ce terme depuis le début. Les principaux groupes ou positions « semi- » hérétiques incluent : Semi-ariens (homoiousiens, IVe siècle). Semi-pélagiens (Ve siècle). Semi-nestoriens (terme implicite pour Théodore, Théodoret, Ibas dans les Trois Chapitres, Ve-VIe siècles). Semi-monophysites (miaphysites modérés, Ve-VIe siècles). Semi-donatistes (rare, IVe-Ve siècles).
- Le troisième concile de Constantinople (680-681) condamna Honorius post-mortem, déclarant: « Nous anathématisons Honorius, qui n’a pas cherché à purifier cette Église apostolique par l’enseignement de la tradition apostolique, mais a permis, par une action profane, que la foi immaculée soit souillée. Le pape Léon II (682-683) confirma cette condamnation, précisant qu’Honorius avait « attisé la flamme de l’hérésie par sa négligence », mais sans l’accuser d’avoir professé l’hérésie de manière formelle… Donc il s’agisait bien de semi-hérésie.
Honorius Ier fut littéralement désigné comme hérétique par :
- Le Sixième Concile œcuménique (Constantinople III).
- Le pape Léon II dans sa lettre de confirmation.
- Les Actes conciliaires inscrits dans les collections canoniques comme Mansi.
- Les manuels dogmatiques comme le Denzinger (avant 1962).
- Puisque le concile Vatican I déclare que jamais un pape a proféré une (vrai et claire) hérésie, il s’agit de semi-hérésie comme expliqué ci-dessus
3. Jean XXIII de 1958 porte le nom de l’antipape de 1410…
Justement, j’ai réfléchi longtemps sur cette question : cela peut être interprété de deux façons, typique pour une pape ambigue comme Jean XXIII de 1958:
- premièrement positivement : en prenant ce nom, il affirme que Jean XXIII n’a jamais été pape car on ne peut pas prendre deux fois le même nom avec le même chiffre. C’est donc affirmer que Jean XIII de 1410 n’a jamais été pape et qu’on veut mettre en honneur le nom de Jean (l’apôtre) qui a été abusé.
- Deuxièmement ont peut le prendre du mauvais coté comme s’il était fier de porter le nom d’un antipape (mais pas hérétique pour autant). Jean XXIII de 1958 donnait toujours l’impression d’agir pour le bien, et il favorisait souvent le mal en réalité. Mais on l’a su que plus tard. Au moment même on le considérait comme on doit considérer un pape catholique … jusqu’à ce que le contraire a été prouvé. Je ne suis pas favorable à Jean XXIII du tout du tout, mais il faut respecter la réalité et la vérité.
- … faites attention à l’hineininterpretieren (expression d’origine allemande) : « hineininterpretieren » suggère une compréhension rétrospective plus profonde d’un événement ou d’un texte, après un certain temps, par rapport à ce qui était perçu au moment des faits.
- Compréhension rétrospective :
- Hineininterpretieren peut signifier comprendre mieux les choses après coup, avec le recul du temps, par rapport à ce qu’on savait au moment des faits. Cette idée évoque une interprétation rétrospective, où des événements ou des paroles prennent un sens nouveau à la lumière d’informations ultérieures (Avec le recul, je comprends ce qu’il voulait dire.) « hindsight is 20/20 » en anglais ou « avec le recul » en français, où l’on comprend mieux les événements après qu’ils se sont déroulés.