Le Témoignage de la Foi en publique

Est-ce un péché si par exemple dans un bureau de travail on entend dans une conversation (à laquelle on ne participe pas) des paroles désagréables voir insultantes contre la religion ou les personnes pieuses sans réagir ?

Réponse :

Ne pas réagir à des paroles désagréables ou insultantes contre la religion ou les personnes pieuses, entendues dans une conversation à laquelle on ne participe pas, n’est pas nécessairement un péché en soi.

Cependant, plusieurs éléments doivent être pris en compte :

1. Le devoir de défendre la foi :

Les enseignements catholiques traditionnels, tels que ceux exposés dans les manuels de théologie morale (par exemple, ceux de saint Alphonse de Liguori ou du père Prümmer, se sont mes meilleurs !!), insistent sur l’obligation de défendre la foi et l’honneur de Dieu lorsqu’ils sont gravement attaqués, surtout si le silence pourrait être interprété comme une approbation ou une faiblesse. Cela dépend toutefois des circonstances : si une réaction risque d’aggraver la situation ou de causer un scandale inutile, la prudence peut justifier le silence.

Source : Matthieu 10, 32-33 :

« Quiconque se déclarera pour moi devant les hommes, je me déclarerai aussi pour lui devant mon Père qui est dans les cieux. Mais celui qui me reniera devant les hommes, je le renierai aussi devant mon Père qui est dans les cieux. »

En effet ce passage souligne l’importance de témoigner de sa foi sans honte ni peur. Dans une conversation où la religion est attaquée, ne pas réagir par crainte pourrait être vu comme un manque de courage, voire une forme de reniement, surtout si le silence donne l’impression d’approuver les propos. Cependant, la théologie morale nuance ceci : il ne s’agit pas de réagir imprudemment, mais de discerner si le témoignage est opportun.

2. Péché par omission : Ne pas intervenir pourrait être considéré comme un péché par omission si l’on avait une réelle opportunité de corriger ou de témoigner de la foi avec charité et efficacité, et que l’on a choisi de se taire par lâcheté ou indifférence.

Cependant, si l’on juge qu’intervenir serait inefficace (par exemple, dans un contexte hostile où les paroles seraient ignorées), le silence peut être légitime.

3. Charité et prudence : La théologie morale catholique met l’accent sur l’équilibre entre zèle pour la vérité et charité envers autrui. Si les paroles entendues sont gravement blasphématoires, un catholique pourrait être tenu de manifester son désaccord, au moins par un signe discret, pour éviter de donner l’impression d’approuver.

Mais si les propos sont simplement désagréables sans être gravement injurieux, la prudence pourrait conseiller de ne pas intervenir, surtout si l’on n’est pas directement impliqué.

Source dans ce contexte : Luc 17, 3 :

« Prenez garde à vous-mêmes. Si ton frère pèche, reprends-le ; et s’il se repent, pardonne-lui. »

Ce passage met en avant la correction fraternelle, qui peut s’appliquer si les propos entendus sont gravement offensants. Un catholique pourrait être encouragé à intervenir avec charité pour corriger l’erreur, mais seulement si cela semble efficace et approprié. La prudence reste essentielle pour éviter un scandale ou une dispute stérile.

Prudence :

Matthieu 7, 6 :

« Ne donnez pas aux chiens ce qui est saint, et ne jetez pas vos perles devant les pourceaux, de peur qu’ils ne les foulent aux pieds et que, se retournant, ils ne vous déchirent. »

Prudence dans certaines situations : si intervenir pour défendre la foi risque d’aggraver les moqueries ou de profaner davantage la vérité, le silence peut être préférable.

Donc tenir compte du devoir de défendre la foi, la prudence et la charité.

Et on, souffre pour mériter :

Matthieu 5, 11-12 :

« Heureux êtes-vous lorsqu’on vous insultera, qu’on vous persécutera et qu’on dira faussement toute sorte de mal contre vous, à cause de moi. Réjouissez-vous et soyez dans l’allégresse, car votre récompense sera grande dans les cieux. »

Ce verset encourage les chrétiens à supporter les insultes contre leur foi avec patience, ce qui peut justifier le silence face à des paroles désagréables si une réaction risquerait d’envenimer la situation. La vertu de patience est valorisée, surtout si l’on juge que répondre ne portera pas de fruit.

Jean 16, 33 :

« Je vous ai dit cela afin que vous ayez la paix en moi. Vous aurez des tribulations dans le monde ; mais prenez courage, j’ai vaincu le monde. »

Les chrétiens doivent s’attendre à des oppositions, y compris des paroles hostiles. Il peut encourager à rester ferme dans la foi sans nécessairement entrer dans une confrontation verbale, si le contexte ne s’y prête pas.

Donc il faut un équilibre entre le courage de témoigner (Mt 10, 32-33), la patience face aux insultes (Mt 5, 11-12), la correction charitable quand elle est possible (Lc 17, 3), et la prudence pour éviter des conflits inutiles (Mt 7, 6).

Ne pas réagir à des paroles désagréables dans une conversation à laquelle on ne participe pas n’est pas intrinsèquement un péché, surtout si l’on juge que l’intervention serait inefficace ou nuisible. Cependant, si le silence provient de la lâcheté ou de l’indifférence, un examen de conscience serait recommandé, comme l’auraient enseigné les théologiens de l’époque (par exemple, saint Thomas d’Aquin dans la Somme théologique , II-II, q. 3, sur la foi.

http://docteurangelique.free.fr/livresformatweb/sommes/3sommetheologique2a2ae.htm

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