Une Erreur de Foi Divine
dans l’Institut Mater Boni Concilii (IMBC)
Obligation
Je suis obligé de parler, car se taire concernant des hérésies et graves erreurs ambiantes nous rend complices du crime contre la foi (voir le «Formulaire d’acceptation des hérétiques convertis » du Pape Saint Hormisdas, V-ième siècle, en annexe ci-dessous). Et je suis étonné qu’il y si peu d’évêques et de prêtres, qui prennent au sérieux leur première tâche : transmettre la foi intègre et intégrale et préserver l’Eglise d’hérésies et d’erreurs.
La Vierge Marie pleure à La Salette pour les péchés contre le premier commandement de Dieu.
Des disputes théologiques sur des opinions sont normales
L’Eglise a toujours accepté des discussions sereines sur des questions pressantes selon les circonstances dans laquelle elle se trouvait.
C’est un bien pour l’Eglise que les théologiens sont forcés d’étudier des questions vitales dans l’Eglise. Car alors les questions sont traitées et regardées de tous les côtés, mieux cernées et comprises. Et un pape peut être motivé à un certain moment de proclamer un dogme sur le sujet.
Mais…
Une hérésie, une erreur de foi ou de moeurs ou une grave infraction en liturgie par contre, ne sont jamais admises.
L’Institut M.B.C. doit corriger une grave erreur dans son sein. Leur supérieur l’abbé Ricossa a publié dans le bulletin officiel de l’Institut : Sodalitium N°48 :
« ce n’est pas du futur que parle l’Apocalypse, mais bien plutôt du passé »
Selon ce texte, l’Apocalypse, qui a été écrite par l’apôtre et évangéliste Saint Jean en l’année 94, porte uniquement sur l’histoire du peuple de Dieu jusqu’à l’année 94. Donc elle s’agirait du passé et pas de l’avenir.
Cela a été publiée dans le bulletin officiel de l’institut n°48, toujours en ligne sur internet et jamais révoquée. Un peu plus loin il cite une variante de cette erreur :
« l’Apocalypse, comme l’indique son nom signifie “révélation”, est bien la description d’une venue, de la venue de Jésus-Christ: mais il ne s’agit pas de celle qui viendra à la fin des temps, mais de celle qui s’est réalisée au cours de toute l’histoire, depuis la création du monde, et qui a eu son point culminant dans le grand ‘événement’ (gr. kairós) de la venue historique de Jésus-Christ, surtout dans sa mort et sa résurrection”.
Selon ce texte, l’Apocalypse, qui a été écrite par l’apôtre et évangéliste Saint Jean en l’année 94, porte sur « toute » l’histoire du peuple de Dieu surtout jusqu’à l’année 33. Donc elle s’agirait surtout du passé avant 33 et plutôt pas de l’avenir après 33.
Preuve de l’existence d’une vraie erreur de Foi Divine
Une erreur de Foi Divine est un énoncé contradictoire à une source de Révélation.
Le texte de l’abbé R. est contraire aux deux sources de la Révélation. Donc il est certainement erroné.
Preuve (de la mineur) :
1) l’Ecriture Sainte dit clairement:
Apocalypse Chapitre I :
« Révélation de Jésus-Christ, que Dieu lui a confiée pour découvrir à ses serviteurs les événements qui doivent arriver bientôt; et qu’il a fait connaître, en l’envoyant par son ange, à Jean, son serviteur,.. »
Et cela a été écrit en l’année 94 environs, par Saint Jean l’évangéliste sur l’île de Patmos en Grèce où il a été exilé par les Romains persécuteurs.
2) La Tradition certaine enseigne infailliblement.
Tous les Pères de l’Eglise et les exégètes enseignent que l’Apocalypse est un livre prophétique qui explique la situation des fondation des 7 églises fondés par les apôtres et qui annonce l’avenir de l’Eglise de l’année 94 jusqu’à la fin des temps.
Aucun Père de l’Eglise admet qu’il s’agit du temps avant 33 AD ou « surtout du temps avant 33 AD ».
Et l’unanimité des Pères est infaillible.
Donc il est malheureusement absolument certain et sans aucun doute que l’abbé Ricossa est errroné et l’IMBC à sa suite.
Tout l’institut IMBC est en effet également dans cette erreur :
– car elle accepte un supérieur erroné,
– elle accepte sa publication sans protestation.
Tentatives de correction de cette hérésie – et pertinacité.
Voir la controverse traitée sur internet qui n’a abouti à aucun résultat, l’abbé R. a refusé de se rétracter :
VM – 2011-02-14 – Falsifications Apocalypse_par_l’abbé_Ricossa
J’ai parlé personnellement avec Mgr Stuyver, évêque de l’Institut, à ce sujet, qui m’a répondu tout simplement :
« je ne suis pas d’accord avec mon supérieur, c’est son opinion mais pas la mienne. Il a droit à son opinion. Pour moi la chose est réglée ! »
Mais comme évêque, Prince de l’Eglise, il fait partie de l’Eglise Enseignante, il doit parler et surtout corriger.
Bien sûr les fidèles peuvent aller à la Messe de l’Institut si c’est difficile de trouver un bon centre de Messe, mais à condition qu’ils ne se laissent pas influencer par cet esprit erroné, mais vous comprenez tous, comme bons catholiques, qu’il y a encore une chose urgente et insupportable à régler.
Mais par qui? Par un pape quand il sera là un jour et entre-temps par un concile de tous les évêques catholiques (pas conciliaires, pas hérétiques ou semi-hérétiques : Fellayistes, Williamsonistes, Feeneyistes, ou Palmariens etc…).
Prions pour la solution de l’Eglise et son avancement urgent.
Abbé Eric Jacqmin +
Plus amples détails sur cette affaire
Citations :
Sodalitium n°48, L’APOCALYPSE SELON CORSINI, par M. l’abbé Francesco Ricossa, page 46 :
« Tout en demeurant soumis au jugement de l’Eglise, seule compétente en matière d’interprétation authentique de la Sainte Ecriture (Dz 1788), le soussigné se range en cela à l’opinion d’un Billot, d’un Spadafora, d’un Romeo ou d’un Allo : ce n’est pas du futur que parle l’Apocalypse, mais bien plutôt du passé. Sur ce, voilà que m’est tombé entre les mains le livre d’Eugenio Corsini. Je veux le présenter au lecteur. »
Mais même Cardinal Billot dit clairement que les textes de l’Apocalypse de St jean » sont des prédictions » (L. Billot, La Parousie, Beauchesne, 1920, pp. 267-271) donc il dit bien qu’il s’agit de l’avenir! Ce que combattent ces personnages citées (Mgr Billot et Abbé Spadafora) est l’eschatologisme (système selon lequel Jésus aurait prêché essentiellement ou même uniquement la fin imminente du monde). Donc les citations d’auteurs par l’abbé Ricossa ne valent pas en sa faveur mais au contraire… le contredisent ! C’est vraiment une affaire triste et incroyable.
Et l’abbé Ricossa ne s’appuie que sur un auteur moderniste : Eugenio Corsini, qui est un “progressiste” comme son “maître” Pellegrino. En 1980 ses études furent publiées sous le titre « Apocalisse prima e dopo » (éd. SEI, Torino) avec une préface d’un autre “progressiste”, Mgr Rossano, et en Français : « L’Apocalypse maintenant », avec préface du non moins progressiste Xavier Léon-Dufour.
Heureusement que l’abbé Ricossa ajoute laconiquement :
« Mon intention est de présenter le plus fidèlement possible la thèse de l’auteur, tout en laissant à chacun (en attendant un éventuel jugement de l’Eglise) la tâche de se faire une opinion personnelle après une éventuelle lecture de l’œuvre recensée ».
Cela le rend erroné « matériel » mais pas « formel » jusqu’au jugement d’un pontife. Et en attandant, il donne du poison à ses lecteurs.
Entretemps c’est absolument clair et sans aucun doute que son texte est bel et bien erroné.
Donc il faut bien parler pour préserver la parie saine de l’Eglise de toute erreur.
Et cela est très dommage dans un temps de crise de l’Église, qui souffre d’erreurs, d’hérésies et d’apostasie générale.
Encore n’est-il pas sérieux de dire « (en attendant un éventuel jugement de l’Eglise) « , tout en sachant que pour l’IMBC ce jugement doit venir d’un pape (qui n’est pas là – sede vacante), dans une matière qui a été réglé par l’Eglise par l’unanimité des Pères.
C’est comme dire : « …à mon humble avis St Joseph est l’incarnation du St Esprit, mais je me soumets au jugement du pape qui n’est pas là… »
Donc pour un homme si intelligent comme un abbé Ricossa, cette affaire est absolument et complètement incompréhensible. L’histoire en jugera en effet, mais entretemps on se protège et on protège le troupeau de Dieu.
Annexe : Doctrine sur l’hérésie et la semi-hérésie
Commençons par rappeler quelques définitions.
L’hérétique est celui qui profère obstinément une ou plusieurs hérésies.
Une hérésie est une contradiction avec Dieu, avec « la Révélation de Dieu, comme enseignée par le Magistère ».
La Révélation a deux sources : l’Ecriture Sainte et la Tradition.
Donc toute contradiction avec l’Ecriture Sainte pour autant qu’elle est claire, ou avec la Tradition pour autant qu’elle est infaillible et enseignée comme telle par le Magiostère est une hérésie.
La semi-hérésie est une erreur qui donne partiellement une hérésie. On parle de semi-arianisme, de semi-pélagianisme, de semi-rationalisme etc…
Un semi-hérétique est celui qui profère une ou plusieurs semi-hérésie(s).
Sens plus large
Mais dans un sens plus large le terme « sémi-hérétique » est parfois utilisé pour désigner celui qui n’agit pas contre les hérésies ni contre les hérétiques. Il est même en bons rapports avec des hérétiques.
Condamnation par un document infaillible
Ce commerce avec des hérétiques est gravement peccamineux, car le Pape Saint Hormisda, dans son formulaire de réconciliation des hérétiques avec l’Eglise catholique le condamne.
Pape Saint Hormisda
Ce formulaire du Saint Pape Hormisda en 519
« La première condition du salut »
« est une des pièces les plus importantes de toute l’histoire de l’Eglise » (Rohrbacher, « Histoire Universelle de l’Eglise catholique », livre XLIII, p.617).
Citation de ce formulaire :
« …Nous anathématisons pareillement Acace, autrefois évêque de Constantinople, devenu leur complice et leur partisan, ainsi que ceux qui persévèrent dans leur communion ; CAR EMBRASSER LA COMMUNION DE QUELQU’UN, C’EST MERITER UN SORT SEMBLABLE. De même nous condamnons et anathématisons Pierre le Foulon d’Antioche, avec tous les siens… »
En effet ce n’est que l’écho du même principe dans l’Ecriture Sainte – Epitre de II Jean 1:10 et 11 :
« 10: si quis venit ad vos et hanc doctrinam non adfert, nolite recipere eum in domum nec ‘have’ ei dixeritis 11: qui enim dicit illi ‘have’, communicat operibus illius malignis »
« Si quelqu’un vient à vous et n’apporte pas cette doctrine,
ne le recevez pas dans votre maison, et ne le saluez pas,
car celui qui le salue a part à ses oeuvres »
Dieu-même nous interdit donc tout contact avec les hérétiques, « pour ne pas avoir part à ses oeuvres ». Donc celui qui a commerce avec l’hérétique a part à ses oeuvres.
Pastorale désirée bien sûr
L’Eglise va bien sûr toujours et partout « tout » faire pour les convertir, mais tout commerce qui n’a pas pour but et intention de les convertir, est condamné clairement par l’Ecriture Sainte et la Tradition.
Bossuet déclare que :
« ce formulaire a servit dans les siècles suivants, avec le même exorde et la même conclusion, en y ajoutant les hérésies et les hérétiques qui, aux diverses époques, troublèrent l’Eglise. De même que tous les évêques l’avaient adressé au saint pape Hormisda, à Saint Agapet et à Nicolas I, de même nous lisons qu’au huitième concile on l’adressa, dans les mêmes termes à Adrien II, successeur de Nicolas. Or, ce qui a été répandu partout, propagé dans tous les siècles et consacré par un concile oecuménique, quel chrétien le rejettera? » (« Defensio » l.10, c.7)
Bossuet fait donc allusion au critère d’infaillibilité ordinaire : « Quod ubique, semper, ab omnibus » de St Vincent de Lérins et les Pères de l’Eglise du 4e, 5e siècle et plus tard.
Bref, « celui qui a commerce avec les hérétiques, reçoit le sort des hérétiques ». Puisqu’il n’est pas hérétique au sens stricte il est appelé parfois dans ce sens-là : « semi-hérétique » : celui qui a commerce avec les hérétiques et en contracte « le même sort ».
Quelques objections :
1) « Sur interprétation de l’apocalypse il n’y a aucun consensus des Pères. »
Réponse : je n’ai jamais parlé de l’interprétation de l’apocalypse entière. il s’agit d’un seul point de l’apocalypse : le temps qu’il considère. Il y en effet un consensus absolu (!) sur le fait que l’apocalypse agit de l’état des Eglises fondé récemment par Saint Paul et les autres apôtres, fondées après 33 AD (après Jésus Christ) et de l’avenir de l’Eglise à partir de la révélation de l’apocalypse à Saint Jean par Notre Seigneur Jésus Christ.
Donc AUCUN Père de l’Eglise préconise qu’il s’agisse du temps avant l’année 33 comme l’écrit abbé Ricossa . Et puisqu’auncun Père n’admet qu’il s’agit du temps avant 33 AD, nous avons en effet leur unanimité qu’il s’agit du temps après jusqu’a le fin des temps.
2) Le mot « bientôt » du premier chapitre de l’apocalypse, premier verset.
« Révélation de Jésus Christ, que Dieu lui a donnée pour montrer à ses serviteurs les choses qui doivent arriver bientôt, et qu’il a fait connaître, par l’envoi de son ange, à son serviteur Jean, »
Alors un interlocuteur parle des interprétations de l’Eglise des textes de l’Ecriture Sainte avec des exemples dans l’histoire de l’exégèse. Mais il ne peut pas prouver que l’Eglise enseigne qu’il faut entendre le mot « bientôt « comme désignation du passé…et finalement il n’en parle pas. Ce serait absurde en effet. L’Eglise rejette toute absurdité. Tout enfant eneffet peut comporendre le mot « bientôt ». Le dictionnaire Larousse donne : « Dans un avenir proche, dans peu de temps : p.e. L’affaire sera bientôt terminée.«
3) Un interlocuteur s’attaque à l’opinion que l’apocalypse parle (uniquement) des fins des temps. Tandis que je parle que du temps à partir de l’an 94 … donc cette remarque n’est pas accurate.
Autre Réfutation, par Laurent Morlier
L’APOCALYPSE EST UN LIVRE PROPHÉTIQUE
Cette affirmation n’est pas celle d’un exégète ou l’opinion discutable d’un clerc, mais l’annonce écrite par l’auteur lui-même (saint Jean apôtre), répétée plusieurs fois, qui plus est au début et à la fin : « cette prophétie (prophetiæ) », « pour découvrir à ses serviteurs ce qui doit arriver bientôt », « car le temps est proche. » (Apoc. I, 1-3 ; XXII, 7, 18-19). Texte qui fut écrit par l’Apôtre bien après la Résurrection et l’établissement de l’Église.
Si le Livre se termine par une annonce solennelle du Seigneur (« Oui, je viens bientôt. Amen. ») et une prière appuyée : « Venez Seigneur Jésus ! », c’est assurément que ce Livre est entièrement tourné vers le second avènement du Christ à la fin des temps et les tribulations précédant ce Retour. En toute logique, on ne va pas venir « bientôt » si on est déjà venu… Et on peut encore moins prier pour une venue déjà réalisée ! « Il résulte de ce verset 3 que le livre de l’Apocalypse a une importance pratique sous le rapport religieux : il a été donné à l’Église pour l’instruire et la consoler, spécialement pour l’aider à se préparer au second avènement du Christ. » (Abbé Louis-Claude Fillion.)
« L’APOCALYPSE, ou Révélation, est une prophétie qui a pour objet les destinées de l’Église, depuis ses commencements si faibles en apparence, jusqu’à l’achèvement parfait de son œuvre sur la terre et son triomphe final dans l’Éternité. […] L’Apocalypse est un livre prophétique : dès lors, il doit parler la langue et prendre les grandes images des prophètes de l’ancien Testament (Ézéchiel, Daniel, Isaïe dans sa seconde partie). […] La pensée fondamentale de l’Apocalypse, c’est le retour glorieux de Jésus. Elle se montre dès le prologue (I, 7), et après avoir pénétré tout le livre (II, 16 ; III, 11 ; VI, 2 ; XIX, 11), elle retentit comme un dernier écho dans l’épilogue (XXII, 7, 12, 20), où trois fois la voix de Jésus répète : “Voici que je viens bientôt”, à quoi l’Esprit et l’Épouse répondent : “Oui, venez, Seigneur”. Que les fidèles fixent leur regard sur ce glorieux avènement qui mettra fin aux épreuves des justes et couronnera l’œuvre encore imparfaite du Messie. En attendant ce triomphe suprême, il leur reste bien des combats à livrer, bien des persécutions à souffrir.» (chan. Crampon, 1885.)
« Ce second avènement du Christ est donc le sujet proprement dit de notre livre, de même que son premier avènement a été l’objet des prophéties de l’Ancien Testament. En effet, “l’histoire du monde dans son essence se résume dans ces trois mots : Il vient (période qui va de la chute d’Adam à Noël) ; Il est venu (la période évangélique) ; Il revient (depuis l’ascension jusqu’à la fin des temps).” Il revient : c’est l’histoire de la catastrophe finale, et des événements terribles qui doivent la précéder de plus ou moins près. » (Abbé Louis-Claude Fillion.)
Le caractère prophétique de ce livre nous assure donc qu’il annonce des événements futurs, selon le sens unanimement reconnu du mot Prophétie: « Prédiction des choses futures par inspiration divine » (Dictionnaire de l’Académie française, 8e éd. 1935.)
Il convient aussi d’ajouter que le sens littéral est le premier sens à recevoir dans les textes bibliques ! Même si l’Apocalypse a aussi un sens spirituel et mystique et est parsemé de symboles, il n’en demeure pas moins que le sens littéral reste prioritaire et déterminant , « la base de l’interprétation biblique » et notamment ici pour le mot « prophétie » : « la règle d’or des docteurs de l’Église, formulée si clairement par S. Thomas d’Aquin : “Tous les sens sont fondés sur l’unique sens littéral, et l’on ne pourra argumenter qu’à partir de lui seul” ; règle que les souverains pontifes ont approuvée et consacrée quand ils ont prescrits, avant tout, de chercher avec tout le soin possible le sens littéral. Ainsi par exemple Léon XIII : “C’est pourquoi il faut peser avec soin la valeur des mots eux-mêmes, la signification du contexte, la similitude des passages et autres choses semblables, et associer également les éclaircissements externes par une science appropriée.” » (Denz. 3793).
Tout cela semblera évident pour bon nombre de lecteurs catholiques… Hélas, certains envisagent que non, l’Apocalypse ne fait que nous décrire un passé lointain, se mettant à la remorque d’écrivains progressistes et aux thèses modernistes (« respirant la nouveauté par tous ses pores » Pascendi), et sont même fiers et « tout content » de cette trouvaille :
« Ce n’est pas du futur que parle l’Apocalypse, mais bien plutôt du passé. […] l’Apocalypse, comme l’indique son nom signifie “révélation”, “est bien la description d’une venue, de la venue de Jésus-Christ : mais il ne s’agit pas de celle qui viendra à la fin des temps, mais de celle qui s’est réalisée au cours de toute l’histoire, depuis la création du monde, et qui a eu son point culminant dans le grand ‘événement’ (gr. kairós) de la venue historique de Jésus-Christ, surtout dans sa mort et sa résurrection”. […] De quoi parle donc l’Ap., si elle ne parle pas des derniers temps ? Elle est, nous l’avons vu, une explication de toute la révélation sur Jésus-Christ, depuis la création jusqu’à la fondation de l’Église. Dans cette “histoire sacrée”, ou “histoire du salut”, ce qui fixe l’attention de Jean est la révolte et la chute des anges, le péché d’Adam et la chute de l’humanité, les conséquences du péché originel : peste, famine, guerre, péché, mort temporelle et spirituelle. […] Le Règne millénaire… est déjà arrivé (et même terminé depuis longtemps) ! […] Si nous devons renoncer à voir dans l’Ap. une prophétie de l’avenir de l’Eglise, et surtout une prophétie des “derniers temps”, on se demande quelle peut bien être l’actualité de l’Ap.: de nombreux lecteurs vont être déçus, après avoir pensé trouver dans ces antiques pages l’annonce détaillée des tribulations que traverse aujourd’hui l’Église. Pourtant non, l’Ap. ne nous dit rien – directement – sur notre époque, et encore moins sur de futures interventions miraculeuses d’Énoch ou d’Élie, ou du Christ en personne. Et c’est bien justement pour cette raison que je considère cette exégèse comme tout à fait bénéfique pour le catholique fidèle de cette fin de millénaire. » ! (Abbé Ricossa dans SODALITIUM N°48, 1999). Analyse (résumant l’ouvrage d’Eugenio Corsini L’Apocalypse aujourd’hui, Paris Seuil 1984) jamais démentie à ce jour…
Devant de telles affirmations aussi stupéfiantes, tout commentaire semble superflu, et on se bornera à rappeler les principes élémentairescatholiques pour une lecture correcte de l’Apocalypse, tels qu’enseignés par l’Abbé Jean-Baptiste Glaire dans son Abrégé d’introduction aux Livres de l’Ancien et du Nouveau Testament (Paris 1853, p. 503) :
« § I. Des principes à suivre dans l’explication de l’Apocalypse.
« 1er PRINCIPE. Le livre de l’Apocalypse nous présente une prophétie d’événements qui n’étaient pas arrivés au temps ou saint Jean écrivait, d’où il suit évidemment qu’on ne doit pas le considérer comme un drame ou une épopée dans laquelle l’auteur n’a d’autre but que de chanter des événements passés ou qui étaient déjà suffisamment connus. Ainsi l’Apocalypse ne peut avoir pour objet la destruction de Jérusalem, et on ne doit point s’arrêter aux systèmes de Grotius, de Rosenmüller, de Herder, de Eichhorn et de Hug, qui ne voient dans saint Jean qu’un simple poète et non un véritable prophète. […]
« 3e PRINCIPE. Le sentiment de quelques protestants suivis par Hug, qui veulent tout appliquer à l’abolition du judaïsme, du paganisme et de l’établissement de la religion chrétienne, et qui prétendent qu’il n’y a absolument rien qui se rapporte à l’Antéchrist et aux derniers temps, est inadmissible ; car, outre que ce sentiment se trouve en opposition avec celui de tous les Pères et de tous les interprètes, il fait visiblement violence au texte de l’écrivain sacré, qui parle de l’un et de l’autre dans les termes les plus formels et les plus explicites. »
Rappelons aussi le bon sens du Dictionnaire de Théologie Catholique :
« Sans fixer notre choix [face aux différentes interprétations], nous écarterions toute explication qui est inconciliable avec le caractère prophétique, que la tradition constante de l’Église a reconnu à l’Apocalypse. Les commentateurs catholiques n’étant pas d’accord sur le sens précis à donner aux visions de saint Jean, c’est à chacun à examiner, dans la grande variété des interprétations orthodoxes, celle qui répond le mieux au texte sacré, scientifiquement étudié. » (E. Mangenot, tome 1, colon. 1476.)
Au-delà des interprétations parfois divergentes des exégètes catholiques sur certains passages, il faut souligner et retenir que le pape Léon XIII, dans la supplique à saint Michel archange de son exorcisme promulgué pour l’Église universelle (ASS vol. XXIII, Rome 1890-1891), annonçant pour nos temps une grande persécution contre l’Église à Rome par « des ennemis très rusés », « là où fut institué le siège du bienheureux Pierre et la chaire de la Vérité pour la lumière des Nations, là ils ont posé le trône de leur abomination dans l’impiété ; en sorte que le Pasteur étant frappé, le troupeau puisse être dispersé », a incorporé dans cette prière plusieurs versets du chap. XII de l’Apoc. relatifs au « grand combat » mené « contre le grand dragon, l’ancien serpent, qui s’appelle le Diable et Satan, et qui séduit tout l’univers », pour se terminer par le chap. XX : « Offrez nos prières en présence du Très-Haut, afin que “surviennent en nous au plus vite les Miséricordes du Seigneur”, et que vous saisissiez le dragon, l’antique serpent qui est le diable ou Satan, et que, “lié dans l’abîme, il ne séduise plus les nations” (“jusqu’à ce que fussent accomplis les mille ans”, Apoc. XX, 3) ». On demande donc que s’accomplisse enfin « au plus vite » la prophétie apocalyptique, évidemment non encore réalisée à ce jour (y compris donc les fameux « mille ans » objet du verset 3) !
Ainsi, Léon XIII, par cette prière de l’Église (lex orandi, lex credendi ! la règle de la prière est la règle de la foi), nous enseigne donc expressément et avec l’autorité du Magistère (ASS) que l’Apocalypse n’est pas un texte pour nous décrire poétiquement un passé lointain comme certains osent l’envisager…, mais est bien une prophétie relative aux tribulations de l’Église à la fin des temps, actuellement en cours ! Et que la prière à saint Michel promulguée par lui doit être récitée dans cette optique apocalyptique !
Ce qui clôt tout débat quant à un Livre de l’Apocalypse qui serait « prophétique » sans l’être véritablement, puisque sans rapport avec des événements futurs ! Sorte de reviving poétique, à rejeter absolument !
Laurent MORLIER
Lecture conseillée : L’Apocalypse de saint Jean, par le R. P. Sylvester Berry, 16 €. Commentaire de l’Apocalypse de Saint Jean. Traduction inédite de l’anglais et Avant-propos par Guillaume Von Hazel.
Père M.-Aug. Gallois o. p., L’Apocalypse de S. Jean, Ordonnance et interprétation des visions allégoriques et prophétiques de ce Livre. Paris, Lethielleux, 1895. Préface du T. R. P. Monsabré.