Table des matières :
Introduction
- Définition du schisme
Conditions :
- Baptême valide
- Objet matériel
- Pertinacité
Il se divise en deux catégories :
- Schisme formel
- Schisme matériel
– Différence entre schisme et hérésie
– Réfutation des contre-arguments modernistes
- Définition du schismatique
– A – Schismatique formel
– B – Schismatique matériel
– Réfutation des contre-arguments modernistes
- Distinctions supplémentaires
– Public vs Occulte
– Positive vs Négative
– Le jugement interne vs externe – le for interne vs le for externe de l’Église
– Réfutation des contre-arguments modernistes
- Traitement du schismatique matériel
– Pas d’excommunication « latae sententiae »
– Perte d’office « ipso facto » ?
– Mise à l’écart pour protéger les fidèles ?
– Correction et instruction
– Réfutation des contre-arguments modernistes
- Conséquences canoniques pour le schismatique formel (en comparaison avec le schismatique matériel) :
– Excommunication « latae sententiae » (ipso facto, canon 2314, §1)
– Incapacité à recevoir ou exercer un office ecclésiastique (canon 188)
– Privation des sacrements (sauf en danger de mort, et le canon 2261)
– Perte de juridiction si le schisme est public et notoire (canon 2264 traite de la validité/licitité des actes de juridiction accomplis par des excommuniés : en principe valides mais illicites)
– Mise à l’écart explicite pour protéger les fidèles, conformément à saint Thomas
– Absence de procédure ecclésiastique ?
– Réfutation des contre-arguments modernistes
- Fondement théologique
– Saint Cyprien de Carthage (Traité sur l’unité de l’Église)
– Saint Augustin (Contra Faustum, XX, 4)
– Saint Thomas d’Aquin (Somme théologique, II-II, q. 39)
– Saint Robert Bellarmin (De Romano Pontifice, lib. II, cap. 29-30)
– Cardinal Louis Billot (De Ecclesia Christi, 1910 et 1927)
– Francisco Suarez (De Fide, disp. 10, sect. 6)
– Ballerini (dans son commentaire sur Ferraris, Prompta Bibliotheca)
– Garrigou-Lagrange (De Verbo Incarnato, cap. XVII)
– Autres théologiens pré-1963
– Réfutation des contre-arguments modernistes
- Conclusion
Corollaire : temps actuels de Siège Vacant pendant plus de 60 ans
– 1. Preuve du schisme par adhésion à un antipape en sede vacante
– 2. Preuves, lorsque l’antipape est en même temps hérétique (le cas de tous les papes post- conciliaires Vatican II)
– 3. Preuves, même si l’antipape ne dévie pas de la foi (non hérétique)
– 4. Développement scientifique et conclusion
Liste des sources consultées
Introduction
Selon la doctrine de l’Église catholique, fondée sur les Écritures, les Pères, les Docteurs, les conciles œcuméniques et le Code de droit canonique de 1917, les termes « schisme » et « schismatique » ont des définitions précises, théologiques et canoniques, avec une distinction essentielle entre les notions formelle et matérielle.
Cette doctrine, immuable et définie avant 1963, rejette toute déviation postérieure comme contraire à la foi apostolique, comme l’affirment les théologiens catholiques, qui soulignent que le schisme, surtout formel, entraîne la perte automatique de tout office ecclésiastique, rendant vacant le Siège de Pierre depuis les innovations de Vatican II, car toute séparation de l’autorité légitime ou de la doctrine immuable constitue un schisme contre l’unité visible de l’Église.
- Définition du schisme
Le schisme est une rupture volontaire de l’unité de l’Église, consistant en une séparation de la communion hiérarchique ou de l’obéissance au Souverain Pontife.
Le Code canonique, can. 1325, § 2, présente cette définition du schismatique:
“§2. Post receptum baptismum si quis, nomen retinens christianum, pertinaciter …si denique subesse renuit Summo Pontifici aut cum membris Ecclesiae ei subiectis communicare recusat, schismaticus est.”
“§2. Toute personne qui après avoir reçu le baptême et tout en conservant le nom de chrétien, … opiniâtrement… si enfin elle refuse de se soumettre au Souverain Pontife et de rester en communion avec les membres de l’Église qui lui sont soumis, elle est schismatique.”
D’où le schisme est classiquement défini comme suit:
un refus d’un baptisé de se soumettre au Souverain Pontife et/ou une séparation volontaire de l’unité de l’Église.
(Dictionnaire de Théologie Catholique, art. Schisme, col. 1286 e.s.)
– Conditions :
- a) – Baptême valide : Seuls les baptisés peuvent être schismatiques, car ils sont tenus à l’unité catholique (1325 §2 « Toute personne qui après avoir reçu le baptême et tout en conservant le nom de chrétien … refuse de se soumettre au Souverain Pontife et de rester en communion avec les membres de l’Église qui lui sont soumis, elle est schismatique »
- b) – Objet matériel : La séparation doit porter sur l’unité hiérarchique (bulle Unam Sanctam de Boniface VIII) : « Porro subesse Romano Pontifici omni humanae creaturae declaramus, dicimus, definimus et pronuntiamus omnino esse de necessitate salutis.»
(« De plus, nous déclarons, disons, définissons et prononçons qu’être soumis au Pontife romain est absolument nécessaire au salut de toute créature humaine. »).
- c) – Pertinacité (obstination): Une opposition constante et volontaire est requise pour le schisme formel, absente dans le cas matériel, comme l’explique Franzelin (B. Franzelin, Tractatus de Ecclesia Christi (Romae, 1876)que la persistance est nécessaire au schisme formel.
Il se divise en deux catégories :
A – Schisme formel :
C’est le refus obstiné, après le baptême, de se soumettre à l’autorité légitime du Pape ou de la hiérarchie ecclésiastique, avec pleine conscience et pertinacité .
Il implique :
– Une pleine connaissance de l’obligation d’unité
– et une désobéissance volontaire : un acte délibéré de rupture avec la communion visible de l’Église.
Comme l’explique saint Thomas d’Aquin (Somme théologique, II-II, q. 39, a. 1, corpus) : « C’est pourquoi ceux qui, de leur plein gré et de leur propre intention, se séparent de l’unité de l’Église, qui est l’unité principale, sont proprement appelés schismatiques. Car l’unité particulière d’entre eux est ordonnée à l’unité de l’Église, de même que la composition des membres individuels d’un corps naturel est ordonnée à l’unité du corps entier. Or, l’unité de l’Église se manifeste en deux choses : dans la connexion des membres de l’Église entre eux, ou communication ; et dans l’ordre de tous les membres de l’Église vers un seul chef.”
– Une pertinacité : résistance obstinée à la correction, comme défini par Billot (De Ecclesia Christi, 1910, t. I, p. 612) que la persistance dans le schisme est la volonté obstinée de se séparer de l’unité de l’Église.
– Simple désobéissance occasionelle n’est pas schisme, car le désobéissant peut encore reconnaitre le pape et vouloir rester en principe dans l’Eglise, mais il désobéit dans des cas particuliers pour une raison singulière (voir le cas du moine Savonarolla O.P. qui résistait à un pape à son avis décadent pour sauver la morale dans l’Eglise).
Comme l’enseigne aussi Saint Thomas d’Aquin (Somme théologique, IIa-IIae, q. 39, a. 1):
“La désobéissance aux préceptes par rébellion constitue essentiellement le schisme. je dis bien par rébellion, c’est-à-dire quand on méprise obstinément les préceptes de l’Église et qu’on refuse de se soumettre à son jugement. Tout pécheur ne fait pas cela. Donc tout péché n’est pas un schisme.”
Heribert Jone, Moraltheologie, 15e édition, Paderborn, 1953, n° 432, p. 232.
“Nicht jede Auflehnung gegen den Papst ist Schisma, sondern nur diejenige, die den Papst als Haupt der Kirche ablehnt. Eine bloße Ungehorsamkeit ist noch kein Schisma.”
« Toute rébellion contre le pape n’est pas un schisme, mais seulement celle qui rejette le pape comme chef de l’Église. Une simple désobéissance n’est pas encore un schisme. »
La désobéissance des orientaux schismatiques par contre est systématique, totale et “de principe”, ne pas reconnaissant la primauté ni l’autorité du pape sur tous les autres évêques.
Donc s’opposer à un supérieur légitime mais mauvais est permis, comme Paul s’est opposé à Pierre (Galates 2:11), comme l’enseigne encore saint Thomas d’Aquin, Somme théologique, IIa-IIae, q. 33, a. 4 qu’un subordonné peut résister à un supérieur dans le mal:
“s’il y avait danger pour la foi, les supérieurs devraient être repris par les inférieurs, même en public”
Seul le refus par principe de l’autorité papale, comme chez les schismatiques orientaux qui ne reconnaissent pas la primauté du Pape, rend quelqu’un schismatique. Cette nuance précise que la résistance légitime au mal n’est pas schisme du tout, mais que le schisme formel est un abandon fondamental de l’unité hiérarchique.
– Accepter un antipape contre un vrai pape est du schisme
De même, accepter un antipape et donc rejeter implicitement ou explicitement un vrai pape est un schisme formel, car cela implique une séparation de l’unité légitime de l’Église en reconnaissant une autorité illégitime, comme dans les exemples historiques du Grand Schisme d’Occident (1378-1417), où les partisans des antipapes (Clément VII, Benoît XIII) étaient considérés schismatiques par l’Église, ou le schisme photien (863-867), où les fidèles acceptant Photius comme patriarche illégitime étaient séparés de Rome.
– Accepter un antipape en temps de Siège Vacant est également du schisme
En temps de sede vacante, accepter un antipape hérétique est un acte schismatique, car cela refuse l’unité de l’Église en adhérant à un intrus éventuellement déviant de la foi et donc refusé par la partie saine de l’Église, entraînant l’excommunication et l’absence de tout office.
Lorsqu’il n’y a pas de Pape régnant, l’unité visible de l’Église ne disparaît pas ; elle subsiste virtuellement dans le Siège de Pierre, et formellement dans la reconnaissance du principe de ce Siège.
Raison :
Ainsi, durant la sede vacante, les fidèles demeurent unis à l’Église en :
– gardant la même foi catholique,
– reconnaissant la nécessité divine du Pontificat romain,
– et attendant légitimement le rétablissement d’un Pontife légitime.
Mais si quelqu’un, dans un tel état de vacance, érige un homme en pape sans légitimité, il rompt cette unité. Car il introduit dans l’Église une fausse autorité, usurpant la place réservée à celle instituée par le Christ.
Ce n’est donc pas l’absence de pape qui divise l’Église, mais bien l’institution d’un faux pape.
En effet l’Église ne peut jamais adhérer à un faux pontife, car cela équivaudrait à suivre une fausse règle de foi, ce qui est impossible selon les promesses du Christ (Matthieu 16, 18 ; 28, 20). Ceux qui reconnaissent néanmoins un faux pontife se séparent de la véritable Église et sont donc schismatiques, comme l’enseigne l’Église dans sa tradition établie.
Suarez enseigne (De Fide, disp. X, sect. 6, n.6) :
« Adhaerere antipapae est verus schisma, quia fit divisio in corpore Ecclesiae circa caput visibile.»
« Adhérer à un antipape est un vrai schisme, car cela crée une division dans le corps de l’Église au sujet de la tête visible. »
Cela démontre que le schisme ne dépend pas de la présence actuelle du Pontife, mais du principe d’unité qu’il représente. Celui qui usurpe cette place, ou qui adhère à un usurpateur, se sépare formellement de cette unité.
Lisez le corollaire en bas de page pour de plus amples explications
B – Schisme matériel :
C’est une séparation de fait de l’unité de l’Église, mais sans intention délibérée ni connaissance claire de s’opposer à l’autorité légitime.
Il survient par ignorance invincible ou erreur sincère, sans culpabilité formelle ni pertinacité, comme l’explique Franzelin (Thesis de Ecclesia Christi, 1876, p. 417) que le schisme matériel est une séparation sans intention schismatique.
Exemples historiques : le schisme d’Orient (1054, séparation des Églises orientales de Rome), le schisme anglican (1534, refus d’Henri VIII de reconnaître la primauté papale), ou le schisme des Vieux-Catholiques (1870, rejet de l’infaillibilité papale définie à Vatican I).
– Différence entre schisme et hérésie :
Bien que le schisme soit souvent lié à l’hérésie, il s’en distingue fondamentalement.
L’hérésie consiste en la négation ou le doute obstiné d’un ou plusieurs dogmes de la foi définis par l’Église (canon 1325 §2).
Le schisme, quant à lui, est une rupture avec l’unité hiérarchique, même si les dogmes sont reconnus. Comme l’explique Tanquerey que l’hérétique nie les dogmes de la foi ; le schismatique, même s’il adhère aux dogmes, refuse de se soumettre à l’autorité légitime (Synopsis Theologiae Dogmaticae, vol. I, n. 869). Cette distinction est essentielle pour comprendre que le schisme attaque directement la charité ecclésiale et l’obéissance, tandis que l’hérésie vise la foi elle-même, bien que les deux entraînent souvent la perte de l’appartenance à l’Église.
– Réfutation des contre-arguments modernistes :
Certains post-1963 affirment que le schisme est « relatif » ou « évitable par dialogue », permettant des séparations sans perte de communion. Actuellement Rome apostate accepte la secte schismatique orientale comme une « Église-sœur ».
Cela est réfuté par Pie IX (Quanta Cura, 1864) : « Contre la doctrine de l’Écriture… ils favorisent l’erreur que la liberté de culte est un droit propre à chaque homme », comme l’explique Kleutgen (Theologia Wirceburgensis, 1880, t. II, p. 234) que l’unité de l’Église exige la soumission absolue au Pontife romain contre toute séparation.
- Définition du schismatique
Un schismatique est un baptisé qui commet un schisme.
Le Code de droit canonique de 1917 (canon 1325, §2) stipule que les schismatiques sont ceux qui refusent pertinacement (avec obstination) de se soumettre au Souverain Pontife.
La distinction formelle/matérielle s’applique :
A – Schismatique formel :
Celui qui, sachant l’obligation d’unité, refuse librement et obstinément la soumission au Pape.
« Est schismaticus formalis qui voluntarie et pertinaciter separat se ab unitate Ecclesiae » (Dictionnaire de Théologie Catholique, Schisme, col. 1289).
Il est pleinement coupable et excommunié « latae sententiae » (canon 2314, §1), perdant tout office ipso facto (canon 188, §4 : pour apostasie qui inclut le schisme), comme l’explique Wernz-Vidal (Ius Canonicum, 1933, t. VII, n. 401) qu’un schismatique public est ipso facto excommunié et qu’il perd sa charge.
B – Schismatique matériel :
Celui qui se sépare de fait sans savoir qu’il s’oppose à l’unité, par ignorance ou erreur non volontaire. Il est dans la séparation objectivement, mais sans culpabilité subjective ni pertinacité, restant membre de l’Église tant que non corrigé.
– Réfutation des contre-arguments modernistes :
Les novateurs post-1963 prétendent que le schismatique peut maintenir une « communion partielle», mais cela est réfuté par Bellarmin (De Romano Pontifice, lib. II) : qu’un schismatique séparé de l’unité du chef cesse d’être membre de l’Église.
- Distinctions supplémentaires
– Public vs Occulte :
Le schismatique formel « public » manifeste sa séparation extérieurement (refus d’obéissance, création de groupes séparés) et est juridiquement sanctionné, perdant sa juridiction (canon 2264).
Le canon 1258 du Code de 1917 (concernant la communicatio in sacris avec des schismatiques) :
Ce canon interdit toute participation active aux cultes des non-catholiques.
Le schismatique « occulte » garde sa séparation dans sa conscience sans la rendre publique ; il n’est pas traité comme schismatique au sens canonique, bien que son péché intérieur reste grave s’il est formel, comme l’explique Prümmer (Manuale Theologiae Moralis, 1931, t. I) que le schisme occulte n’induit pas de censures mais est interne.
– Positive vs Négative :
Schisme positif : Séparation directe par acte (ex. : refus d’obéissance au Pape).
Schisme négatif : Doute pertinace sur l’autorité papale, comme défini par Billot (De Ecclesia, 1927, p. 618) qu’un doute persistant sur l’unité est négatif.
– Le jugement interne vs externe – le for interne vs le for externe de l’Église
Le jugement interne vs externe du schisme (c’est-à-dire la distinction entre le for interne et le for externe de l’Église) dans les manuels de théologie dogmatique anté-conciliaires (ex. : Tanquerey, Synopsis Theologiae Dogmaticae, 1927, t. III, n. 1248 ; Billot, De Ecclesia Christi, 1910, t. I, p. 618) :
Le for interne concerne le péché de séparation jugé par Dieu ou en confession, tandis que le for externe relève du jugement ecclésiastique visible pour sanctionner la rupture publique, limitant ainsi la contagion sans attendre une pertinacité interne prouvée.
Dans le contexte sedevacantiste, même sans sentence formelle (for externe), un pape manifestement schismatique perd son office ipso facto, car celui qui n’est pas membre de l’Église n’en peut pas être la tête (Bellarmin, De Romano Pontifice, lib. II, cap. 30) : on ne saurait se soumettre à un chef qui n’est plus membre de l’Église visible, renforçant que l’unité externe exige de rejeter une autorité publique défaillante sans attendre une déclaration officielle.
– Réfutation des contre-arguments modernistes :
Certains affirment que le schisme occulte n’affecte pas l’office, mais cela est réfuté par Cajetan (Commentaria in Summam Theologicam, II-II, q. 39, a. 2) que le schisme occulte prive également de la juridiction, rendant les actes invalides si publics.
Ceci est uniquement en principe (c’est-à-dire pour Dieu et pour la conscience du schismatique dans ce sens qu’elle l’accuse de ce crime et le rend coupable du péché d’usurpation), car en pratique, puisque rien n’est connu, donc rien ne se passe et ses actes ne sont rejetés par la l’Église qu’à partir du moment que son schisme se manifeste et devient public.
- Traitement du schismatique matériel
Contrairement au schismatique formel, le schismatique matériel n’encourt pas les mêmes sanctions automatiques, car il manque de pertinacité et de culpabilité subjective. Voici les détails de son statut selon la doctrine pré-1963 :
– Pas d’excommunication « latae sententiae » :
L’excommunication automatique (canon 2314, §1) s’applique uniquement au schismatique formel, car elle nécessite une pertinacité volontaire. Le schismatique matériel, agissant par ignorance ou erreur sincère, n’est pas considéré comme un rebelle conscient à l’Église. Ainsi, il ne perd pas ipso facto (du fait même) la communion ecclésiale, comme l’explique Billot (De Ecclesia Christi, 1927, t. I, p. 618) qu’un schismatique matériel n’est pas considéré comme un rebelle contre l’Église.
– Perte d’office « ipso facto » ?
Selon le Code de 1917, la perte d’un office ecclésiastique (canon 188) ou l’incapacité à en recevoir un (canon 2314, §1) s’applique aux clercs qui commettent des délits graves, comme le schisme public et notoire.
Cependant, pour le schismatique matériel, cette sanction ne s’applique pas automatiquement :
– S’il occupe un office (prêtre, évêque, etc.) et commet un schisme matériel sans le rendre public, il conserve son office tant que sa séparation reste occulte ou non jugée par l’autorité ecclésiastique, comme l’affirme Prümmer (op. cit., t. II) que le schisme matériel n’induit pas de censures automatiques.
– Si sa séparation devient publique (par exemple, en rejoignant un groupe séparé sans savoir qu’il est schismatique), un procès ou une monition est requis pour établir son intention. Sans pertinacité prouvée, il ne perd pas son office ipso facto, mais une sentence ferendae sententiae peut limiter son ministère, comme l’explique Franzelin (op. cit., p. 419) que la séparation matérielle doit être corrigée sans perte automatique de fonction.
Une séparation publique peut entraîner des avertissements et une suspension ferendae sententiae (canon 2316), enseigne Van Noort.
– Mise à l’écart pour protéger les fidèles ?
Le schismatique matériel n’est pas systématiquement mis à l’écart de l’Église pour « ne pas contaminer les autres fidèles », contrairement au schismatique formel public, dont saint Thomas dit qu’après la première et seconde admonition, il faut éviter le schismatique (Somme théologique, II-II, q. 39, a. 3).
Cependant, si le schismatique matériel propage sa séparation (par exemple, en encourageant publiquement un groupe séparé, même sans malice), l’Église peut intervenir pour limiter son influence :
– Une admonition formelle pourrait lui être adressée pour limiter son activité (canon 2316, suspect de schisme).
– S’il persiste après avoir été instruit, son ignorance cesse d’être invincible, et son schisme devient formel, entraînant alors les sanctions pleines, comme l’explique Van Noort (Tractatus de Ecclesia Christi, 1920, p. 248) qu’un schismatique matériel public peut être averti et limité pour la protection des fidèles.
En pratique, un clerc schismatique matériel public pouvait être suspendu de ses fonctions (par une sentence: « ferendae sententiae ») pour éviter la confusion parmi les fidèles, même sans excommunication immédiate, comme écrit Billot (op. cit., p. 619) que la séparation publique peut limiter le scandale.
– Correction et instruction :
L’approche privilégiée envers le schismatique matériel est la charité pastorale : il doit être instruit et corrigé pour revenir à l’unité. Tant qu’il n’y a pas de pertinacité, il reste membre de l’Église et peut recevoir les sacrements, sauf si sa séparation publique cause un scandale manifeste nécessitant une intervention, comme l’explique Hurter (Compendium Theologiae Dogmaticae, 1907, t. III, n. 681) que la séparation publique matérielle doit être limitée afin de ne pas donner lieu à scandale.
– Réfutation des contre-arguments modernistes :
Les novateurs post-1963 prétendent que le schismatique matériel est « toujours innocent » et ne mérite aucune mesure, mais cela est réfuté par Pie IX (Syllabus Errorum, 1864, prop. 16) condamnant que les hommes peuvent trouver la voie du salut éternel dans n’importe quelle religion, ce qui implique que la séparation, même matérielle, ne peut être tolérée si elle corrompt l’unité visible de l’Église ; dans la crise actuelle, les schismes post-Vatican II, propagés par ignorance, justifient la limitation des offices pour protéger les fidèles, en s’appuyant sur la doctrine immuable pré-1963 qui refuse toute complaisance envers des divisions qui altèrent la foi apostolique.
- Conséquences canoniques pour le schismatique formel (en comparaison avec le schismatique matériel) :
– Excommunication « latae sententiae » (ipso facto, canon 2314, §1).
– Incapacité à recevoir ou exercer un office ecclésiastique (canon 188), même pour un pape, comme l’explique Bellarmin (De Romano Pontifice, lib. II, cap. 29) qu’un schismatique manifeste cesse automatiquement d’être membre de l’Église.
– Privation des sacrements (sauf en danger de mort, et le canon 2261).
– Perte de juridiction si le schisme est public et notoire (Le 2264 traite de la validité/licitité des actes de juridiction accomplis par des excommuniés : en principe valides mais illicites).
– Mise à l’écart explicite pour protéger les fidèles, conformément à saint Thomas.
– Absence de procédure ecclésiastique ?
Même si « Cum ex apostolatus officio » (Paul IV) et saint Robert Bellarmin affirment que l’hérétique ou schismatique manifeste perd l’office ipso facto, certains théologiens classiques (comme Cajetan ou Jean de Saint-Thomas) insistent sur la nécessité d’une constatation juridique de l’hérésie ou du schisme public pour en tirer des conséquences canoniques.
Cajetan, dans son Tractatus de Fide (1530), argue que, bien que l’hérésie ou le schisme prive intérieurement de juridiction, une déclaration ecclésiastique est requise pour les effets externes, afin d’éviter le chaos dans l’Église visible.
Jean de Saint-Thomas, dans Cursus Theologicus (1643, disp. 20, art. 2), maintient que l’hérésie ou le schisme public rend le pape ipso facto déchu, mais une constatation par les cardinaux ou un concile imparfait est nécessaire pour déclarer la vacance et procéder à une élection.
Cajetan et Jean de Saint-Thomas représentent des opinions minoritaires, renforçant l’argument sedevacantiste en montrant que même les théologiens prudents confirment la perte automatique, avec ou sans procédure formelle, face à un schisme manifeste comme celui de Vatican II, où la séparation de la doctrine pré-1963 est publique et notoire.
En effet la doctrine dominante (Bellarmin, Paul IV) confirme la perte ipso facto sans déclaration formelle.
– Réfutation des contre-arguments modernistes :
Certains affirment qu’une « déclaration » est nécessaire pour la perte d’office, mais cela est réfuté par Cum ex apostolatus officio (Paul IV, 1559) :
«§. 6. Nous ajoutons que si jamais un Evêque, même ayant fonction d’Archevêque, de Patriarche ou de primat; qu’un cardinal de l’Église romaine, même Légat, un Souverain Pontife même, apparaît, avant sa promotion, ou au cardinalat, ou son élévation au Souverain Pontificat, avoir dévié de la foi Catholique ou être tombé dans quelque hérésie, avoir encouru le schisme, l’avoir suscité ou commis, sa promotion ou son élévation, même réalisée dans la concorde et avec l’assentiment unanime de tous les cardinaux, est nulle, non avenue et sans valeur».
Et Cajetan (Tractatus de Fide, 1530, cap. 6) que le schisme occulte prive également de la juridiction.
- Fondement théologique
Le fondement théologique du schisme repose sur l’enseignement des Pères, des Docteurs et des théologiens pré-1963, qui soulignent l’unité visible et indivisible de l’Église comme marque essentielle, rendant toute séparation un péché grave contre la charité et l’obéissance. Cette doctrine confirme la perspective sedevacantiste, où la séparation post-1963 de la foi immuable constitue un schisme formel entraînant la perte automatique d’office, en s’appuyant sur ces autorités.
Saint Cyprien de Carthage (Traité sur l’unité de l’Église) :
Il enseigne que l’Église est une et indivisible, comparée à la tunique sans couture du Christ. Il affirme que celui qui n’a pas l’Église pour mère ne peut plus avoir Dieu pour père. Pour les schismatiques, il déclare que quiconque est séparé de l’Église est uni à une adultère. Il s’est coupé des promesses de l’Église, et celui qui s’est séparé de l’unité de l’Église l’a fait des promesses de l’Église, que le Christ a aimée comme une épouse et pour laquelle il s’est livré ».
Les schismatiques et hérétiques n’ont pas accès à la fontaine scellée de la grâce, car ils sont hors de l’unité organique de l’Église. Cette doctrine réfute les modernistes qui parlent de « communion imparfaite », car saint Cyprien insiste sur l’unité absolue : toute séparation, même par ignorance initiale, doit être corrigée pour éviter la perte du salut, renforçant que le schisme matériel public peut justifier des mesures pour protéger les fidèles.
Saint Augustin (Contra Faustum, XX, 4) écrit que le schisme est la séparation de l’unité de la charité, définissant le schisme comme une rupture de la charité ecclésiale ; l’intention détermine la culpabilité, mais la séparation elle-même est un sacrilège grave. Saint Augustin combat les donatistes en liant le schisme au vice de superbia (orgueil), affirmant : « Il n’y a rien de plus grave que le sacrilège du schisme, car il n’y a aucune cause juste pour rompre l’unité de l’Église ».
Pour le schismatique matériel, l’absence de malice intentionnelle atténue la culpabilité, mais la séparation visible reste un mal objectif à corriger, car elle offense l’unité que le Christ a voulue. Cette vue réfute les novateurs post-1963 qui relativisent le schisme comme une « diversité enrichissante », car saint Augustin enseigne que le schisme prive de la communion avec le Corps du Christ, confirmant la vacance du Siège en cas de schisme manifeste comme à Vatican II.
Saint Thomas d’Aquin (Somme théologique, II-II, q. 39) :
Le schisme est un péché grave contre l’unité de charité, tandis que le schisme matériel est une séparation sans malice. Saint Thomas précise que le péché de schisme est un péché spécial, car par lui l’unité de l’Église est déchirée. Il ajoute que le schisme est opposé à la charité ecclésiale, qui unit à Dieu et au prochain, et qu’il est plus grave que l’incroyance en certains aspects, car le bien de la multitude est plus grand et plus divin que le bien d’un seul. Pour le schismatique matériel, l’absence de pertinacité le distingue du formel, mais sa séparation publique peut justifier une intervention, comme l’explique Billot (op. cit., p. 619) qu’un schismatique matériel n’est pas formellement un rebelle.
Saint Thomas réfute les contre-arguments modernistes en insistant sur l’évitement du schismatique après admonition, montrant que même une séparation non malicieuse, si publique, doit être limitée pour préserver l’unité.
Saint Robert Bellarmin (De Romano Pontifice, lib. II, cap. 29-30, pour lien avec hérésie) :
Il enseigne que le schisme manifeste entraîne la perte automatique d’office, citant le pape saint Célestin Ier : « Il est évident que celui qui a été excommunié reste séparé de la communion ». Il affirme : « Un pape qui est un hérétique manifeste cesse automatiquement (per se) d’être pape et tête, comme il cesse automatiquement d’être chrétien et membre de l’Église ». Pour le schisme, accepter un antipape ou se séparer de l’unité légitime est un acte manifeste contre l’Église, entraînant ipso facto la perte d’office sans besoin de sentence, renforçant l’argument sedevacantiste face à la crise post-1963, où les innovations séparent de la doctrine immuable. Cela réfute les modernistes qui exigent une « déclaration » pour la perte d’office, car Bellarmin confirme la déchéance automatique.
Cardinal Louis Billot (De Ecclesia Christi, 1910 et 1927) :
Le cardinal définit le schisme comme une séparation de l’unité, divisant les hérétiques et schismatiques en formels et matériels : « Les hérétiques formels sont ceux à qui l’autorité de l’Église est suffisamment connue. Les hérétiques matériels sont ceux qui, sans faute de leur part, ignorent l’Église du Christ ». Pour le schisme, il précise : « Par schisme, si [le pape] n’était plus disposé à être en communion avec l’Église catholique ».
Le schismatique matériel n’est pas rebelle formel, mais sa séparation publique peut être limitée pour éviter le scandale. Billot réfute les novateurs en insistant sur l’unité visible : « L’unité de l’Église consiste principalement dans la profession commune de la même foi », condamnant toute tolérance de séparations qui corrompent cette unité, justifiant la vacance du Siège en cas de schisme post-1963.
Francisco Suarez (De Fide, disp. 10, sect. 6)
confirme que un pape qui devient publiquement schismatique perd automatiquement son office, car le schisme manifeste le sépare de l’Église, appliquant une logique similaire à celle de l’hérésie : un tel pontife ne peut plus être tête de ce dont il n’est plus membre, renforçant la thèse sedevacantiste sans nécessité d’une procédure formelle.
Antonio Ballerini S.J.,
dans son commentaire sur Ferraris (Prompta Bibliotheca), souligne les limites pastorales strictes avec les schismatiques, insistant sur l’interdiction de toute communion qui pourrait encourager la division, même si la séparation est initialement matérielle, pour préserver l’intégrité de l’Église visible.
Réginald Garrigou-Lagrange O.P.,
dans De Verbo Incarnato (cap. XVII), traite implicitement de la perte de l’appartenance ecclésiale par apostasie publique ou schisme, affirmant que quiconque s’éloigne manifestement de l’unité cesse d’être membre vivant de l’Église, justifiant ainsi la non-soumission à une hiérarchie défaillante dans la crise actuelle.
Autres théologiens pré-1963 :
Le père Johann Baptist Franzelin (Thesis de Ecclesia Christi, 1876) enseigne que le schisme matériel est une séparation sans intention schismatique, à corriger sans perte automatique d’office.
Franzelin et d’autres insistent sur l’indéfectibilité de l’Église, rendant impossible une hiérarchie schismatique légitime, réfutant les modernistes qui parlent de « diversité » au lieu d’unité absolue.
La doctrine pré-1963 insiste sur l’unité visible de l’Église : le schismatique matériel est un cas de séparation à corriger, non de rébellion à punir immédiatement, mais limité si public, comme l’explique Franzelin (op. cit., p. 419) que la séparation matérielle doit être corrigée sans perte automatique de fonction.
Le cardinal Cajetan (Commentaria in Summam Theologicam, II-II, q. 39)
affirme que le schisme, même occulte, prive intérieurement de l’unité. Ces autorités confirment que le schisme formel prive ipso facto de l’appartenance et d’office, tandis que le matériel reste corrigible, mais public, il justifie des mesures pastorales.
Ces autorités confirment la situation actuelle selon laquelle un occupant manifestement schismatique n’est plus le chef de l’Église, comme l’affirme Bellarmin (o.c.) que celui qui n’est pas membre de l’Église ne peut en être le chef.
– Réfutation des contre-arguments modernistes :
Les post-1963 relativisent le schisme comme « diversité », mais cela est réfuté par Pie IX (Syllabus Errorum, 1864, prop. 55) : « Ecclesia separanda est a Statu, et Status ab Ecclesia », condamnant toute séparation de l’unité ; dans la crise, Vatican II incarne le schisme formel, car les Pères et Docteurs enseignent une unité indivisible, rendant nulle toute tolérance de divisions qui altèrent la foi apostolique.
- 7.Conclusion
Le schisme formel est une rupture volontaire de l’unité ecclésiale, punie d’excommunication et de mise à l’écart ; le schisme matériel est une séparation involontaire, sans sanctions automatiques. Le schismatique matériel ne perd pas son office « ipso facto » ni n’est excommunié « latae sententiae», mais s’il propage publiquement sa séparation, il peut être corrigé ou suspendu pour protéger les fidèles, sans être traité comme un schismatique formel tant que la pertinacité n’est pas établie, comme l’explique Van Noort (op. cit., p. 248) qu’un schismatique matériel reste membre de l’Église, mais la séparation publique doit être limitée.
Dans la crise actuelle, cela confirme la vacance du Siège due au schisme formel post-1963. Ce développement clarifie que le schismatique matériel échappe aux sanctions automatiques, mais peut être sujet à des mesures disciplinaires si sa séparation devient publique et risque de nuire à l’Église, en ligne avec la doctrine immuable.
- Corollaire : temps actuels de Siège Vacant pendant plus de 60 ans
Revenons à cette vérité énoncée, à savoir qu’en temps de sede vacante, accepter un antipape constitue un acte schismatique. On refuse l’unité de l’Église en adhérant à un illégitime ou un abusant, que cet antipape soit en même temps hérétique ou non, et cela trouve son fondement solide dans la doctrine catholique traditionnelle.
Selon cette vue, qui s’aligne sur la doctrine immuable, toute adhésion à un faux pape rompt l’unité visible de l’Église, entraînant ipso facto le schisme, indépendamment d’une éventuelle hérésie.
Les contre-arguments, souvent avancés par des novateurs post-1963 ou des tenants d’une vision minimaliste du schisme, seront réfutés de manière rigoureuse.
- Preuve deschisme par adhésion à un antipape en sede vacante
La sede vacante désigne la période où le Siège de Pierre est vacant, suite au décès ou à la renonciation valide d’un pape légitime. Durant cette vacance, l’Église reste unie sous l’autorité invisible du Christ, attendant l’élection d’un successeur légitime par les cardinaux ou un mécanisme équivalent conforme au droit divin et ecclésiastique. Accepter un antipape – c’est-à-dire un prétendant illégitime qui usurpe le titre pontifical sans élection valide ou en violation des normes canoniques – équivaut à rompre avec cette unité, car cela crée une division hiérarchique artificielle.
Le Code de droit canonique de 1917 (canon 1325, §1) définit le schisme comme le refus pertinace de se soumettre au Souverain Pontife légitime. En sede vacante, il n’y a pas de pontife en exercice, mais adhérer à un illégitime crée une fausse soumission qui oppose les fidèles les uns aux autres, brisant l’unité. Cette adhésion n’est pas neutre : elle refuse implicitement l’attente d’un pape légitime et favorise une division contraire à la foi apostolique, rendant vacant le Siège non seulement de fait, mais aussi par reconnaissance d’un abusant.
- Preuves,lorsque l’antipape est en même temps hérétique (le cas de tous les papes post-conciliaires Vatican II)
Si l’antipape est hérétique – c’est-à-dire qu’il dévie publiquement de la foi en niant un dogme défini –, l’acte d’adhésion est doublement schismatique et hérétique. Saint Robert Bellarmin enseigne que un pape hérétique manifeste cesse ipso facto d’être pape et membre de l’Église (De Romano Pontifice, lib. II, cap. 30) : un tel individu perd son office automatiquement, sans besoin de sentence, car « non potest esse caput Ecclesiae qui non est membrum eius ». Adhérer à lui après cette perte équivaut à se séparer de l’Église pour suivre un faux chef qui n’est plus catholique.
Francisco Suarez confirme cette vue (De Fide, disp. 10, sect. 6), arguant qu’un pape hérétique public s’exclut lui-même de l’Église, et que les fidèles qui l’acceptent commettent un schisme en refusant l’unité avec la vraie Église. Dans le contexte sede vacante, nous appliquons cela aux antipapes post-1963, tels que ceux issus de Vatican II, qui ont promulgué des doctrines hérétiques (par exemple, sur la liberté religieuse ou l’œcuménisme), rendant leur acceptation un acte hérétique ét schismatique. Le canon 188, §4 du Code de 1917 stipule que les apostats publics perdent tout office ipso facto ; adhérer à un tel antipape prolonge cette hérésie et divise l’Église.
– Contre-argument réfuté :
Certains prétendent que l’hérésie d’un antipape n’entraîne pas automatiquement le schisme pour ses adeptes, tant qu’ils croient sincèrement en sa légitimité. Cela est réfuté par Pie IX (Syllabus Errorum, 1864, prop. 15), qui condamne l’idée que l’on puisse espérer le salut en dehors de la vraie foi catholique : adhérer à un hérétique, même par erreur, corrompt l’unité et expose au schisme, surtout en sede vacante où l’Église attend un pape orthodoxe. L’ignorance invincible atténue la culpabilité subjective, mais l’acte objectif reste schismatique, nécessitant correction.
- Preuves,même si l’antipape ne dévie pas de la foi (non hérétique)
Même si l’antipape n’est pas hérétique et maintient la foi orthodoxe, son illégitimité rend l’adhésion à lui schismatique, car cela crée une division hiérarchique illicite. Bellarmin (De Romano Pontifice, lib. II, cap. 30) explique que le schisme n’exige pas toujours l’hérésie : il suffit de refuser la soumission au légitime successeur de Pierre ou de reconnaître un intrus, comme lors du Grand Schisme d’Occident, où les partisans d’antipapes non hérétiques étaient considérés schismatiques pour avoir divisé l’Église sans base légitime.
Suarez (De Fide, disp. 10, sect. 6) étend cela : un pape qui deviendrait schismatique sans hérésie perdrait son office, et adhérer à un antipape illégitime, même orthodoxe, équivaut à rejeter l’unité visible établie par le Christ. Le canon 1325 définit le schisme comme refus de communion avec les membres soumis au Pape légitime ; en sede vacante, accepter un faux pape avant une élection valide (conforme au droit divin) rompt cette communion potentielle.
En effet, même si un antipape professait la foi pré-1963, son illégitimité (par élection invalide ou usurpation) rend l’adhésion schismatique, car elle oppose les fidèles à ceux qui attendent un pape légitime. Garrigou-Lagrange (De Verbo Incarnato, cap. XVII) traite implicitement de la perte de l’appartenance à l’Église par apostasie publique ou schisme, affirmant que quiconque s’éloigne manifestement de l’unité cesse d’être membre vivant de l’Église, justifiant la non-soumission à une hiérarchie défaillante.
Ballerini, dans son commentaire sur Ferraris (Prompta Bibliotheca), souligne les limites pastorales avec les schismatiques, insistant sur l’interdiction de toute communion qui pourrait encourager la division, même si la séparation est initialement matérielle et non hérétique.
– Contre-argument réfuté :
Des objecteurs soutiennent que sans hérésie, adhérer à un antipape illégitime n’est pas schismatique si l’on croit en sa légitimité.
Cela est réfuté par le Concile de Constance (1414-1418), qui condamna les partisans d’antipapes non hérétiques pour schisme pur, car ils divisaient l’Église sans base légitime. L’illégitimité objective suffit : l’unité repose sur le droit divin, non sur la perception subjective, et tout acte divisant la hiérarchie, même sans déviation doctrinale, est schismatique (cf. Pie XII, Mystici Corporis, 1943, soulignant l’unité visible indivisible).
4.Développement scientifique et conclusion
Scientifiquement, cette vérité repose sur une analyse théologico-canonique : le schisme est un péché contre la charité ecclésiale (saint Thomas, Somme théologique, II-II, q. 39, a. 1), et adhérer à un antipape en sede vacante viole cette charité en créant une fausse unité. Les cas historiques (schisme grec, anglican) confirment que l’illégitimité, avec ou sans hérésie, entraîne le schisme. En ce temps de sede vacante, cela explique la vacance prolongée : accepter des antipapes post-1963, hérétiques ou non, maintient les fidèles dans le schisme.
Les contre-arguments modernistes, relativisant le schisme à une « diversité », sont réfutés par Pie IX (Syllabus, prop. 55), condamnant toute séparation.
Ainsi, cette vérité est prouvée : en sede vacante, accepter un antipape est toujours schismatique, car cela refuse l’unité légitime de l’Église.
Venez, Jésus, venez!
Liste des sources consultées :
Dictionnaire de Théologie Catholique, art. Schisme, col. 1288-1289 (éd. 1912).
Code de droit canonique de 1917, canons 1325, 2314, 188, 2264, 2315, 2316, 2261.
Saint Thomas d’Aquin, Somme théologique, II-II, q. 39, a. 1-3 ; q. 33, a. 4.
Billot, De Ecclesia Christi, 1910, t. I, p. 612, 618-619 ; 1927, p. 618.
Franzelin, Thesis de Ecclesia Christi, 1876, p. 417-419.
Pie X, Lamentabili Sane, 1907.
Paul IV, Cum ex apostolatus officio, 1559.
Bellarmin, De Romano Pontifice, lib. II, cap. 29.
Cajetan, Commentaria in Summam Theologicam, II-II, q. 39, a. 2 ; Tractatus de Fide, 1530, cap. 6.
Van Noort, Tractatus de Ecclesia Christi, 1920, p. 248.
Hurter, Compendium Theologiae Dogmaticae, 1907, t. III, n. 681.
Kleutgen, Theologia Wirceburgensis, 1880, t. II, p. 234.
Prümmer, Manuale Theologiae Moralis, 1931
Wernz-Vidal, Ius Canonicum, 1933, t. VII, n. 401.
Saint Augustin, Contra Faustum, XX, 4.
Vatican I, Pastor Aeternus, cap. 3.
Saint Cyprien de Carthage, Traité sur l’Unité de l’Église.
Benoît XIV, Allatae Sunt, 1755.
Suarez, De Fide, disp. 10, sect. 6.
Ballerini, Commentaire sur Ferraris, Prompta Bibliotheca.
Garrigou-Lagrange, De Verbo Incarnato, cap. XVII.
Tanquerey, Synopsis Theologiae Dogmaticae, vol. I, n. 869.