REVOLUTION DE 68 infiltrée dans l’Eglise

REVOLUTION DE 68 ET Avrillé

Le Père P-M, le plus grand théologien du couvent des dominicains d’Avrillé, qui sont avec la FSSPX, m’a dit au cours d’une promenade : « Nous sommes la génération de la révolution de 1968, une génération d’esprits corrompus. » Je me suis alors dit : « oh là là, dans quel état doit-il donc se trouver lui-même ? » Du moins, il faut bien l’admettre, il avait été honnête.

J’y ai fait une année de noviciat, mais je suis parti en raison de graves abus sur les plans intellectuel, canonique et liturgique.

J’ai toujours résisté à la corruption de l’esprit que j’ai également rencontrée à l’université d’Anvers.

L’expression « la révolution de 1968 » renvoie principalement au bouleversement idéologique et culturel connu sous le nom de « Mai 1968 » en France, dont l’influence s’est rapidement étendue à toute l’Europe occidentale et au monde universitaire. Ce mouvement ne constitua pas une révolution politique au sens classique, mais plutôt une subversion morale, intellectuelle et culturelle profonde.

En son cœur, la corruption introduite en 1968 fut une corruption de l’intellect et du jugement moral. Elle consista en un rejet systématique de la vérité objective, de l’autorité, de la hiérarchie et de la tradition. La raison ne fut plus comprise comme ordonnée à la vérité, mais comme un instrument de libération à l’égard de toute norme. Cela conduisit à l’exaltation du subjectivisme, du relativisme et de la contestation permanente.

Dans le domaine intellectuel, en particulier dans les universités et les séminaires, cette révolution favorisa des idéologies hostiles à la philosophie et à la théologie classiques : le marxisme, le freudisme, le structuralisme, puis plus tard le relativisme radical. La vérité fut remplacée par la « conscience critique », c’est-à-dire une attitude de suspicion à l’égard de toute doctrine héritée. Les notions mêmes de nature, de finalité et de loi morale objective furent niées ou tournées en dérision.

Sur le plan canonique et institutionnel, cette mentalité engendra le mépris de la loi et de la discipline. L’autorité fut présentée comme oppression, l’obéissance comme aliénation. En conséquence, les normes canoniques furent ignorées, la vie religieuse fut désacralisée et la formation affaiblie. L’opinion personnelle remplaça la règle, et l’expérimentation remplaça la fidélité.

Sur le plan liturgique, le même esprit se manifesta par une aversion pour le sacré, le rituel et le sens objectif du culte. La liturgie ne fut plus considérée comme quelque chose de reçu, mais comme quelque chose à réinventer selon la communauté ou le célébrant. La révérence céda la place à la spontanéité, et le symbolisme fut aplati en une expression horizontale et sociologique.

Lorsque le Père PM décrivit sa génération comme une génération « d’esprits corrompus », son affirmation était juste en ce qu’elle reconnaissait que cette génération avait été profondément marquée par une déformation intellectuelle : la perte du sens de la vérité, de l’ordre et de la primauté de Dieu. La tragédie, cependant, est que beaucoup de ceux qui reconnurent cette corruption demeurèrent néanmoins façonnés par elle, souvent de manière inconsciente, y compris au sein des institutions religieuses et académiques. C’est précisément ce qu’il a admis : il en était conscient.

Résister à la « corruption de l’esprit » signifie donc refuser le relativisme, maintenir la fidélité à la vérité objective, à la raison classique, à une philosophie saine et à la doctrine authentique, même lorsque le climat intellectuel ambiant promeut la confusion sous le nom de liberté.

Abbé Eric Jacqmin+

Rédacteur de ce site

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