Suivant Saint Bellarmin, comme Vatican I (1870)
Source : L’ouvrage magistral « La Nouvelle Messe de Paul VI : qu’en penser ? » du Prof. Arnaldo Vidigal Xavier da Silveira, théologien de Campos, Brésil.
Table des matières
- Préface
1.1. Le Concile Vatican I (1870) affirme de suivre Saint Bellarmin
1.2. Source : Professeur Arnaldo Vidigal Xavier da Silveira consulte 136 auteurs selon le schéma de St Bellarmin
1.3. L’incontournable étude sur le pape hérétique
1.4. Étude demandée par Mgr Castro de Mayer
1.5. Qui est l’auteur
- Introduction
- Chapitre I. Les cinq opinions concernant l’hypothèse d’un Pape hérétique exposées par saint Robert Bellarmin
Tableau synoptique des opinions
Corollaire : Mémoire sur Saint Robert Bellarmin
Notes et références suivent
- Préface
- 1. Le Concile Vatican I (1870) affirme de suivre Saint Bellarmin
À la session de juillet du premier Concile du Vatican, le rapporteur général, Mgr. Vinzenz Gasser (1809-1879), rejeta l’accusation formulée contre la Députation par certains Pères conciliaires, selon laquelle ils suivaient l’opinion d’Alberto Pighius, selon laquelle le Pape ne pourrait jamais tomber dans l’hérésie, même en tant que personne privée. Il expliqua que la doctrine du Concile du Vatican n’était ni celle d’Alberto Pighi, ni l’opinion extrême d’aucune école, mais bien celle de Saint Robert Bellarmin, qui admet cette possibilité dans ses Controverses. (Mansi, vol. 52, col. 1218)
– Contexte historique de la citation
La déclaration rapportée provient de l’intervention officielle (appelée relatio) prononcée le 11 juillet 1870 par Mgr Vincent Gasser (évêque de Brixen, rapporteur général de la Députation de Foi), lors de la 45e congrégation générale du Concile, en vue de la définition du dogme de l’infaillibilité pontificale (constitution Pastor aeternus, chapitre 4).
Cette relatio défend le schéma doctrinal contre les accusations portées par certains Pères conciliaires (comme Mgr Riccio di Mondragone), qui reprochaient à la Députation de suivre l’opinion « extrême » d’Alberto Pighius (ou Pigge, théologien Hollandais du XVIe siècle, mort en 1542), selon laquelle le Pape ne pourrait jamais tomber dans l’hérésie, même en tant que personne privée.
Mgr Gasser rejette cette accusation en expliquant que la doctrine du schéma n’est ni celle de Pighius seul (jugée « extrême » par certains), ni une opinion isolée, mais bien celle de saint Robert Bellarmin (théologien du XVIe siècle, mort en 1621), qui admet cette possibilité (c’est-à-dire la chute potentielle du Pape dans l’hérésie en tant que personne privée, sans que cela affecte son office infaillible).
– Le texte original de la relatio de Mgr Gasser
Voici l’extrait pertinent de la relatio :
Latin original (tiré de Collectio Lacensis, vol. 7, coll. 530-531) : « Quod ad doctrinam, quae in Schemate proponitur, attinet, iniuste Deputatio accusatur, quasi velimus extremam cuiusdam scholae theologorum opinionem, videlicet Alberti Pighii, ad dogmaticam dignitatem evolvere. Nam Alberti Pighii sententia, quam Bellarminus quidem piæ et probabiles nominat, fuit, Pontificem ut personam privatam aut doctorem privatum ex quadam ignorantia errare posse, sed nunquam in haeresim incidere aut haeresim docere posse. […] De sententia autem Bellarmini haec dicuntur. […] At doctrina, quae in Schemate proponitur, nec Alberti Pighii est, nec alicuius scholae extremæ, sed Bellarmini, qui hanc possibilitatem in suis Controversiis admittit. »
Traduction littérale : « Quant à la doctrine qui est proposée dans le Schéma, la Députation est injustement accusée, comme si nous voulions élever à la dignité dogmatique l’opinion extrême d’une certaine école de théologiens, à savoir celle d’Alberto Pighius. Car l’opinion d’Alberto Pighius, que Bellarmin nomme en effet pieuse et probable, était que le Pontife, en tant que personne privée ou docteur privé, pouvait errer par une certaine ignorance, mais ne pouvait jamais tomber dans l’hérésie ni enseigner l’hérésie. […] Concernant l’opinion de Bellarmin, on dit ceci. […] Mais la doctrine qui est proposée dans le Schéma n’est ni celle d’Alberto Pighius, ni l’opinion extrême d’aucune école, mais bien celle de Bellarmin, qui admet cette possibilité dans ses Controverses. »
Puisque dans ce Concile œcuménique infaillible du Vatican I en 1870, a été affirmé qu’il fallait suivre Saint Bellarmin dans la question d’un pape hérétique, nous aussi allons suivre Saint Bellarmin plutôt que d’autres auteurs tels que Cajetan.
1.2. Source de cette étude est le travail du Professeur Arnaldo Vidigal Xavier da Silveira.
Le Professeur nous signale, plusieurs fois dans son étude, avoir consulté 136 auteurs, qui sont pratiquement tous les auteurs qui ont jamais écrit sur ce sujet dans l’histoire de l’Église.
Il a examiné leur position sur l’hypothèse d’un Pape hérétique et les a classifié selon le schéma des “5 opinions” de Saint Bellarmin. La cinquième opinion, que Saint Bellarmin fait la sienne, est en effet aussi celle de la plus grande partie des auteurs et autorités, sinon pratiquement de tous.
1.3. Incontournable étude sur le pape hérétique:
C’est un ouvrage jamais réalisé auparavant et jamais égalé jusqu’à présent, donc incontournable. Je pense ne pas pouvoir faire mieux que de le recevoir et reproduire à cause de ses arguments abondants et valables. Ce sera difficile de faire mieux que lui, mais comme il le suggère, on devrait étendre l’étude et la développer dans l’avenir, car « l’hypothèse d’un pape hérétique » est devenue la réalité dramatique et la cause la plus importante de tous les problèmes dans l’Église actuelle… et dans le monde, car Jésus nous averti : “Matthieu 5: 13 Vous êtes le sel de la terre. Mais si le sel perd sa saveur, avec quoi salera-t-on? Il ne sert plus qu’à être jeté dehors, et foulé aux pieds par les hommes.” Le sel est l’Église, la terre doit être “salée” par elle. En effet, le sel donne du goût aux aliments et il les garde contre la corruption : l’Église doit donner au monde (à les personnes de bonne volonté bien sûr) le goût, l’amour de Dieu et de la vie éternelle et Elle lui doit donner les moyens pour garder se goût, l’état de grâce, jusqu’à la fin. Si l’Église est en crise, si elle est privée pendant 60 ans de sa tête visible et que le nombre de ses membres est réduit à 0,01%, comment les hommes se sauveront-ils, car il n’y a pas de salut en dehors d’Elle. C’est un dogme (Concile de Florence (1439))
1.4. Etude demandée par Mgr Castro de Mayer, Evêque de Campos au Brésil :
C’est pourquoi Mgr Castro de Mayer – qui, avec Mgr Lefebvre étaient les seuls évêques à s’opposer ouvertement aux hérésies de Vatican II, non seulement pendant (avec les 250 évêques du « Coetus Patrum Concilii ») mais surtout juste après ce conciliabule – a demandé à son théologien le Professeur da Silveira, de réaliser cette étude approfondie pour comprendre ce qui s’est passé au juste avec les derniers « papes ».
Deo gratias.
1.5. Qui est l’auteur :
In memoriam : Arnaldo Vidigal Xavier da Silveira (1929-2018)
Arnaldo Vidigal Xavier da Silveira appartenait, tant du côté paternel que maternel, à des familles brésiliennes renommées pour leur importance dans la politique, le droit et l’esprit entrepreneurial. Né en 1929 à São Paulo, au Brésil, il fit ses études auprès des pères jésuites, d’abord au Collège Saint-Louis, puis au Séminaire central de l’Immaculée Conception. Par la suite, il intégra la Faculté de droit de l’Université catholique de São Paulo, où il obtint, en 1956, un diplôme en sciences juridiques et sociales. Il exerça la profession d’avocat jusqu’à ses derniers jours, tout en dirigeant le département juridique de la prestigieuse entreprise de construction Adolpho Lindenberg. Il fut également professeur de propédeutique de l’histoire, puis de morale et de sociologie à la Faculté de philosophie, sciences et lettres Saint-Benoît, ainsi qu’à la Faculté des sciences économiques Cœur de Jésus, toutes deux affiliées à l’Université catholique pontificale de São Paulo.
Il fut l’un des fondateurs de la revue mensuelle de culture Catolicismo, publiée sous les auspices de Mgr Antonio de Castro Mayer, évêque de Campos, et auteur d’études importantes sur le Magistère de l’Église, le magistère conciliaire et l’infaillibilité pontificale. Parmi ses nombreux écrits, principalement orientés vers la défense de la foi catholique et de l’orthodoxie, sans aucune ambition de carrière ou de prestige académique, nous mentionnons que certaines furent traduites en anglais et publiées sous le titre Can Documents of the Magisterium of the Church Contain Errors? (The American Society for the Defense of Tradition, Family and Property – TFP, Spring Grove, Pennsylvanie, 2015).
En 1970, Arnaldo Xavier da Silveira publia, en édition limitée, Consideraciones sobre el “Ordo Missae” de Paulo VI, incluant l’étude que nous utilisons sur l’Hypothèse théologique d’un Pape hérétique. Cet ouvrage fut ensuite publié en français sous le titre La Nouvelle Messe de Paul VI : Qu’en penser ? (Diffusion de la Pensée Française, Chiré-en-Montreuil, 1975), mais sa diffusion fut interdite par Paul VI. « Bienheureux les persécutés » (St Luc, sermon sur la montagne).
La deuxième partie de cette étude, consacrée à l’« hypothèse d’un Pape hérétique », fut traduite en 2016 par Inter Multiplices Una Vox, fut publiée en italien sous le titre Ipotesi Teologica di un Papa eretico (Edizioni Solfanelli, Chieti, 2016), et en 2018 en anglais, avec un nouveau chapitre et une mise à jour, sous le titre Can a Pope be … a heretic? (Caminhos Romanos, Portugal, 2018).
En 2017, Arnaldo Vidigal Xavier da Silveira fut l’un des premiers à signer la Correctio filialis adressée à François, occupant actuel du siège apostolique, dénonçant les erreurs propagées sous son autorité. Lors du congrès sur le modernisme organisé en juin 2018 par la Fondation “Lepanto”, son nom fut souvent mentionné comme l’un des plus sérieux chercheurs contemporains de la crise de l’Église.
Conforté par les sacrements de l’Église, Arnaldo Vidigal Xavier da Silveira mourut le 19 septembre 2018 à São Paulo, des suites de complications cardiaques. Il laissa une veuve, quatre enfants et des petits-enfants.
Les écrits d’Arnaldo Vidigal Xavier da Silveira, notamment sur l’hypothèse d’un « Pape hérétique », soutiennent, en examinant rigoureusement et selon la théologie catholique traditionnelle, la possibilité qu’un occupant du siège apostolique puisse dévier de la foi. Les contre-arguments, tels que ceux qui affirment l’infaillibilité absolue d’un pape en toutes circonstances, sont rejetés, car, selon la doctrine catholique antérieure à 1963, l’infaillibilité est strictement limitée aux conditions définies par le Concile Vatican I (Pastor Aeternus, 1870), et un pape peut, en théorie, tomber dans l’hérésie en tant que personne privée, comme l’ont enseigné des théologiens tels que saint Robert Bellarmin (De Romano Pontifice, livre II, chapitre 30).
Que son âme repose en paix.
Eric Jacqmin, Prêtre.
- Introduction
Au cours de diverses périodes troublées de l’histoire de l’Église, la question théologique de la possible chute d’un Pape dans l’hérésie a suscité un vif intérêt (1). Pendant ces périodes, les théologiens, ainsi que les moralistes et les canonistes, se sont consacrés à l’examen de ce problème délicat sans toutefois parvenir à un consensus uniforme et définitif.
Lorsque ces moments difficiles étaient passés, les débats sur la possibilité d’un Pape hérétique cessaient d’attirer l’attention des érudits. En général, les auteurs ne consacraient alors à cette question que quelques lignes, comme s’il s’agissait d’un problème académique et curieux, qui ne deviendrait plus jamais d’un intérêt pressant.
La possession incontestée du Siège de Rome par une longue série de Pontifes au cours des derniers siècles a relégué dans l’oubli la question d’un Pape hérétique. Surtout depuis le XVIIe siècle jusqu’à nos jours, rares sont les théologiens qui se sont consacrés à l’examen de cette question (2).
À partir du pontificat de Jean XXIII, un observateur attentif pouvait néanmoins noter que cette question délicate revenait peu à peu à intéresser les cercles spécialisés (3).
Malgré la relative fréquence avec laquelle la question d’un Pape hérétique est abordée de nos jours, il n’a pas été publié, à notre connaissance, au cours des dernières années, une étude ample, systématique et à jour sur la question.
À cause de cette lacune, les débats sur ce thème sont gravement entravés. Il en résulte, par exemple, que – comme nous l’observons avec une préoccupation croissante – nos contemporains étudient généralement l’hypothèse d’un Pape hérétique avec des notions partielles ou même fausses de l’état de la question.
Pour cette raison, plusieurs sont tombés dans des erreurs et des simplifications évidentes, qui rendent plus difficile une gestion lucide et cohérente des graves problèmes théoriques et pratiques impliqués dans cette question.
Certains, ne connaissant que la position d’un certain auteur et de ceux qui le suivent, analysent les événements contemporains uniquement à la lumière de la doctrine de cet auteur – et ainsi, ils ne tiennent pas compte du fait que d’autres théologiens d’une grande autorité soutiennent des thèses différentes.
Il existe donc, en cette matière, diverses opinions qui jouissent au moins d’une probabilité extrinsèque (4). Cela étant, quel droit a-t-on, de nos jours, de s’attacher à l’une de ces opinions, en cherchant à l’imposer sans plus de considération ? Il ne fait aucun doute que la probabilité extrinsèque cède à l’évidence intrinsèque ; mais où sont les publications bien fondées et exhaustives qui permettent une réévaluation, en des termes nouveaux, des données fondamentales de cette question capitale ? (5).
Nous jugeons donc plus urgent que tout autre chose de présenter une vision globale des diverses opinions des grands théologiens du passé sur le problème d’un Pape hérétique.
Et ceci n’est qu’un premier pas, mais indispensable, pour sortir de la stagnation dans laquelle se trouvent les études concernant cette question depuis le XVIIe siècle, selon l’observation de Dublanchy que nous avons citée ci-dessus (6).
Étant donné ce qui précède, notre objectif de l’ouvrage présent est double.
D’une part, il consiste à indiquer en détail quelles sont les opinions sur cette question, en attirant l’attention des érudits sur les raisons invoquées par les divers auteurs.
D’autre part, il consiste à communiquer au lecteur certaines conclusions auxquelles l’analyse des sources et la réflexion nous ont conduits, dans l’intention de contribuer modestement à ce que les théologiens puissent parvenir à une opinion commune sur cette question (7).
Nous limitons nos considérations aux domaines de la théologie dogmatique, de la morale et du droit canon, mettant de côté les problèmes historiques. Sans doute, une réévaluation à la lumière des données connues aujourd’hui sur la question d’un Pape hérétique – des pontificats de Libère, d’Honorius Ier, de Pascal II, d’Alexandre VI, etc. – serait très opportune (8).
Dans la présente exposition, cependant, il n’y a pas de place pour une recherche aussi approfondie (9).
Pour clarifier la question d’un Pape hérétique, il est nécessaire de considérer également certains problèmes connexes, que nous abordons dans les derniers chapitres de cette Partie II : l’hypothèse d’un Pape schismatique et d’un Pape douteux (chapitre VIII), la possibilité d’erreurs et d’hérésies (10) dans les documents pontificaux et conciliaires (chapitres IX et X), et le droit de résistance publique aux éventuelles décisions iniques de l’autorité ecclésiastique (chapitre XI).
- Chapitre I. Les cinq opinions concernant l’hypothèse d’un Pape hérétique exposées par saint Robert Bellarmin
Dans l’analyse des diverses opinions des théologiens sur l’hypothèse d’un Pape hérétique, nous adopterons la classification présentée par saint Robert Bellarmin. Celle-ci est encore entièrement valide aujourd’hui, dans la mesure où les études sur la question n’ont pratiquement pas progressé au cours des derniers siècles. Pour cette raison, de nombreux auteurs récents ordonnent la matière en suivant les traces du grand docteur de la Contre-Réforme (11). Lorsque, toutefois, il nous semble que la division de saint Robert Bellarmin ne distingue pas avec précision toutes les nuances qui caractérisent certaines écoles, nous suggérerons des subdivisions dans sa classification.
Il énumère cinq opinions dignes d’étude (12):
- Le Pape ne peut pas être hérétique ;
- En tombant dans l’hérésie, même uniquement interne, le Pape perd ipso factole pontificat ;
- Même s’il tombe dans l’hérésie, le Pape ne perd pas sa charge ;
- Le Pape hérétique n’est pas déchu ipso facto, mais doit être déclaré déchu par l’Église ;
- Le Pape hérétique est déchu ipso factoau moment où son hérésie devient manifeste.
En établissant cette classification, saint Robert Bellarmin n’a cherché qu’à ordonner la matière de manière pratique pour l’exposition des raisons et objections qui peuvent être alléguées en relation avec chaque opinion. Il n’avait pas pour but de présenter une présentation complète et systématique des principales positions prises, au cours des siècles, sur l’hypothèse théologique d’un Pape hérétique. Il ne fait pas référence, par exemple, à la doctrine du conciliarisme, qui a eu une importance énorme par le passé, et qui, bien que condamnée par l’Église (13), resurgit dans de nombreux écrits progressistes. Le grand saint jésuite n’a pas clairement défini les critères logiques selon lesquels il a ordonné la matière. Tout cela crée une certaine difficulté pour la compréhension de sa classification, tout en pouvant donner lieu à des malentendus.
Pour éviter ces inconvénients, sans toutefois abandonner la classification de saint Robert Bellarmin, nous présentons ici un tableau synoptique des différentes opinions sur l’hypothèse théologique d’un Pape hérétique. En organisant la matière selon des critères logiques, nous cherchons à donner une vision globale de la question et nous insérons les cinq propositions, que nous analyserons plus tard, dans l’ensemble systématique dans lequel elles doivent être considérées.
Tableau synoptique des opinions sur l’hypothèse théologique d’un Pape hérétique
| Opinions diverses | Position de chaque opinion | Observations | Principaux défenseurs | Index principal (pages étudiées) |
| A – Le Pape ne peut pas tomber dans l’hérésie | Première opinion dans la classification de Saint Robert Bellarmine | Dans l’exposition de cette opinion, nous subdivisons ses partisans en trois groupes (pp. 147-148) : 1. Auteurs pour qui cette opinion constitue une vérité de foi (Matthaeucci). 2. Auteurs pour qui cette opinion est de loin la plus probable (Card. Billot). 3. Auteurs pour qui cette opinion semble seulement plus probable que les autres (Saint Robert Bellarmine, Suarez). |
Saint Robert Bellarmine (), Suarez (), Card. Billot (), Matthaeucci, Bouix (), | Chapitre sur cette opinion (146-155) ; Card. Billot (146-147) ; Suarez (147, 154-155) ; Saint Robert Bellarmine (155) ; Salaverri (155) ; réfutation basée sur l’Écriture et la Tradition (148-153) ; nous ne suivons pas cette opinion (172 et suiv.) |
| B – Théologiquement, on ne peut exclure l’hypothèse d’un Pape hérétique | Énoncé par Saint Robert Bellarmine en disant que la première opinion n’est pas certaine | Voir les points suivants () | Explication par références (p. 156) | |
| I – En raison de son hérésie, le Pape ne perd jamais le Pontificat | Troisième opinion dans la classification de Saint Robert Bellarmine | Parmi les 136 auteurs dont nous avons examiné la position sur l’hypothèse d’un Pape hérétique, le seul défenseur de cette opinion est Bouix. | Bouix () | Chapitre sur cette opinion (158-160) ; nous ne suivons pas cette opinion (172 et suiv.) |
| II – Le Pape hérétique perd le Pontificat | Énoncé par Saint Robert Bellarmine avec la quatrième opinion | Voir les points suivants () | Saint Robert Bellarmine (169 et suiv.) ; objections Bouix (158 et suiv.) ; nous suivons cette opinion (172) | |
| 1) Il perd le Pontificat dès l’instant où il tombe dans l’hérésie interne, c’est-à-dire avant de la manifester extérieurement | Deuxième opinion dans la classification de Saint Robert Bellarmine | Opinion abandonnée par les théologiens aujourd’hui. | Torquemada | Chapitre sur cette opinion (156-157) ; opinion abandonnée (157) |
| 2) Il perd le Pontificat lorsque son hérésie devient manifeste | Cinquième opinion dans la classification de Saint Robert Bellarmine | Dans l’exposition de cette opinion, nous subdivisons ses partisans en trois groupes (pp. 170-171) : 1. Auteurs qui entendent par « manifeste » une hérésie simplement extériorisée. 2. Auteurs qui entendent par « manifeste » une hérésie qui, en plus d’être extériorisée, est connue d’autrui. 3. Auteurs qui entendent par « manifeste » une hérésie devenue notoire et publiquement divulguée (Wernz-Vidal). Certains auteurs ne précisent pas clairement à quelle école ils se rattachent (Saint Robert Bellarmine, p. 171). |
Saint Robert Bellarmine (), Billot (), Cano, | Chapitre sur cette opinion (168-171) ; Saint Robert Bellarmine (168-169) ; Pietro Ballerini (169-170) ; subdivision (170-171) ; évaluation (171) ; nous suivons cette opinion, en adoptant la subdivision n° 3 (172-176) |
| 3) Il perd le Pontificat uniquement après la déclaration de son hérésie par un concile, les cardinaux, des groupes d’évêques, etc. | Énoncé par Saint Robert Bellarmine avec la quatrième opinion | Voir les points suivants () | Exposition et réfutation par Saint Robert Bellarmine (164-167) ; nous ne suivons pas cette opinion (175) | |
| a) Cette déclaration serait une déposition proprement dite | Saint Robert Bellarmine ne liste pas cette opinion, car elle est hérétique | Sous la forme de néo-conciliarisme, cette opinion réapparaît dans de nombreux écrits progressistes. | Conciliaristes : Gerson, Pierre d’Ailly, etc. | Opinion condamnée par l’Église (161, note 1) ; néo-conciliarisme (161, note 3) |
| b) Cette déclaration ne serait pas une déposition proprement dite, mais un simple acte déclarant la perte du Pontificat par le Pape hérétique | Quatrième opinion dans la classification de Saint Robert Bellarmine | Concernant qui devrait faire cette déclaration, voir le passage de Suarez cité aux pp. 163-164. | Cajetan, Suarez() | Chapitre sur cette opinion (161-167) ; Suarez (161-164) ; réfutation par Saint Robert Bellarmine (164-167) ; nous ne suivons pas cette opinion (175) |
() Nous faisons référence ici uniquement à la classification présentée par Saint Robert Bellarmine dans De Romano Pontifice, livre II, chapitre XXX.
() Les auteurs marqués de deux astérisques jugent plus probable qu’un Pape ne puisse pas tomber dans l’hérésie, mais ne considèrent pas cette position comme certaine. Pour cette raison, ils analysent la possibilité d’un Pape devenant hérétique et prennent position concernant la perte éventuelle du Pontificat. Ainsi, il n’est pas surprenant que leurs noms apparaissent deux fois dans la colonne « Principaux défenseurs » : parmi ceux qui soutiennent que le Pape ne tombera jamais dans l’hérésie (première opinion de la classification de Saint Robert Bellarmine) et parmi ceux qui se prononcent sur la perte du Pontificat par un Pape hérétique (selon la cinquième opinion de la classification de Saint Robert Bellarmine). Voir pp. 154-155.
() Compte tenu des critères adoptés pour l’énonciation des « opinions diverses », il est clair que les positions B, B-II et B-II-3 constituent des opinions génériques, qui deviennent plus spécifiques dans ce qui suit immédiatement.
Corollaire : Mémoire sur Saint Robert Bellarmin (1542-1621)
Cardinal, jésuite et Docteur de l’Église, saint Robert Bellarmin est une figure majeure de la théologie catholique et de la Contre-Réforme. Né à Montepulciano, en Italie, le 4 octobre 1542, il entra dans la Compagnie de Jésus en 1560. Il s’est distingué par son érudition, sa piété et son zèle pour la défense de la foi catholique contre les erreurs du protestantisme. Ordonné prêtre en 1570, il a enseigné la théologie au Collège romain, où il a formé des générations de prêtres et de théologiens. Élevé au cardinalat en 1599 par le pape Clément VIII, il a également été archevêque de Capoue. Il est mort en 1621 et a été canonisé en 1930 par Pie XI, qui l’a déclaré Docteur de l’Église en 1931 pour ses contributions théologiques exceptionnelles.
Dans les documents suivants, nous considérerons les cinq opinions de saint Robert Bellarmin concernant « le cas d’un pape hérétique » et en retiendrons la seule vraie.
Deo gratias.
Dans les études suivantes, nous allons étudier les 5 opinions les unes après les autres.
AMDG.
- Notes:
- Tel fut le cas, par exemple, au VIIIe siècle, en raison des attitudes ambiguës du Pape Honorius Ier face au monothélisme ; au XIIe siècle, lorsque Pascal II faiblit sur la question des investitures ; aux XVe et XVIe siècles, en raison des scandales d’Alexandre VI.
- À juste titre, Dublanchy, dans le Dictionnaire de Théologie Catholique, après avoir analysé les opinions des théologiens classiques sur la possibilité d’un Pape hérétique, écrit : « Nous arrêtons nos études à la fin du XVIIe siècle, car à partir de cette époque, la controverse théologique n’est pas très intéressante, dans la mesure où les positions sont restées les mêmes et, dans la plupart des cas, la question ne mérite, de la part des théologiens, qu’une brève mention » (article « Infaillibilité du Pape », in de Théol. Cath., col. 1716).
- Divers facteurs ont donné lieu à ce problème de nos jours : en premier lieu, la convocation du Concile Vatican II, un fait qui a rendu très actuelles toutes les questions théologiques concernant les relations entre le Pape et le Concile ; en second lieu, les symptômes profonds de crise dans l’Église, qui constituaient déjà à cette époque un motif de préoccupation pour de nombreux esprits ; en troisième lieu, les efforts de certains progressistes pour proclamer la possibilité d’un Pape hérétique, dans l’objectif d’affaiblir l’autorité pontificale.
- « Une proposition ou une opinion est dite probable lorsqu’elle s’appuie sur des raisons ou des motifs d’un tel poids qu’une personne prudente peut y donner son assentiment, non pas de manière ferme (comme dans le cas de la certitude), mais avec une crainte de l’erreur » (Noldin-Schmitt-Heinzel, Summa Theol. Mor., vol. I, p. 215, n. 225).
La probabilité intrinsèque ou interne « est fondée sur des raisons tirées de la nature même de la chose » ; la probabilité extrinsèque ou externe « repose directement sur l’autorité des savants » (idem, ibidem, p. 215, n. 226).
« La probabilité externe suppose en soi la probabilité interne, c’est-à-dire qu’elle suppose que les savants ont été conduits par des raisons internes à embrasser la vérité » (idem, ibidem, p. 215, n. 226).
Étant donné que la probabilité externe repose essentiellement sur la probabilité interne, il n’est pas licite de faire appel à la probabilité externe lorsque l’on sait que l’opinion est fausse et n’a aucune probabilité interne d’être correcte, même si des auteurs de grand nom la défendent. La probabilité externe sans probabilité interne ne peut être invoquée que lorsqu’il s’agit d’une matière obscure, entourée de difficultés, et encore insuffisamment clarifiée par les auteurs (idem, ibidem, p. 225, n. 238). - Il convient de garder à l’esprit les graves risques qu’il y aurait à adopter de manière absolue l’une des opinions admises parmi les théologiens, en excluant les autres, sans avoir de raisons objectivement décisives pour cela, comme nos ancêtres n’ont pas réussi à en établir. Supposons que, face à un Pape hypothétiquement hérétique, quelqu’un le juge déchu ipso facto, comme l’enseigne saint Robert Bellarmin, et en tire les conséquences pratiques qui en découlent. Cette personne courrait en effet le risque de tomber dans le schisme, ce qui serait le résultat si l’opinion de Cajetan ou Suarez, par exemple, était vraie, laquelle exige une déclaration d’hérésie pour qu’un tel Pape soit effectivement privé de sa charge.
Dans le sens inverse, supposons que quelqu’un prenne pour certaine, sans plus de considération, l’opinion de Suarez. Cette personne devrait, en toute logique, accepter comme dogme une éventuelle définition solennelle qu’un Pape hérétique ferait avant que la sentence déclarant son péché d’hérésie ne soit prononcée. Or, une telle acceptation serait téméraire, car, selon ce que soutiennent des docteurs de poids, un tel Pape pourrait déjà avoir cessé d’être un vrai Pape, et donc pourrait définir, comme dogme, quelque chose de faux. - Comme il est évident, pour qu’une opinion soit qualifiée de « commune », il n’est pas nécessaire qu’elle ait l’approbation de théologiens d’une orientation notoirement douteuse.
- En réfutant les objections qui peuvent être faites contre la doctrine de l’infaillibilité, saint Robert Bellarmin étudie les cas de quarante Papes. Ce nombre représente environ 17 % des Pontifes qui avaient régné jusqu’à cette époque (De Rom. Pont., lib. IV, cap. 8-14, pp. 486-506).
- En matière dogmatique, il est évident que nous prêterons davantage attention à ce que dit la Tradition qu’aux arguments de la raison. Étant donné ce qui précède, lorsque nous ferons allusion à des faits historiques, ce ne sera pas dans l’intention de les analyser en tant que tels, mais uniquement pour chercher à recueillir l’aide que l’Histoire de l’Église peut fournir pour clarifier la Tradition en la matière.
- Dans les chapitres I à VII, consacrés à l’analyse des diverses opinions des théologiens sur la question d’un Pape hérétique, nous considérerons uniquement la possibilité de l’hérésie dans le Pape en tant que personne privée. Car c’est la seule hypothèse que les auteurs traitent explicitement et ex professo. Dans le chapitre X, cependant, nous montrerons que la théologie sacrée n’exclut pas la possibilité d’une hérésie dans le Pape en tant que personne publique, c’est-à-dire dans les documents pontificaux officiels. Comme il est évident, une telle possibilité est limitée aux documents qui n’impliquent pas l’infaillibilité.
- Voir, par exemple : Wernz-Vidal, Ius Can., tom. II, pp. 433 ff. ; Cocchi, Comment. in Codicem…, vol. III, p. 25-26 ; Regatillo, Inst. Juris Canonici, vol. I, p. 299.
D’autres adoptent la classification de saint Robert Bellarmin, mais y introduisent de petites modifications : Bouix, Tract. de Papa, tom. II, pp. 654 ff. ; Sipos, Ench. Iuris Can., p. 156, item d. - De Romano Pontifice, lib. II, cap. XXX. – Nous ne considérerons pas ici les observations que saint Robert Bellarmin fait sur cette question dans d’autres passages de ses écrits.
- Voir -Sch., index systématique, item G4db.
- Nous faisons référence ici uniquement à la classification présentée par Saint Robert Bellarmin dans De Romano Pontifice, livre II, chapitre XXX.
- Les auteurs marqués de deux astérisques jugent plus probable qu’un Pape ne puisse pas tomber dans l’hérésie, mais ne considèrent pas cette position comme certaine. Pour cette raison, ils analysent la possibilité d’un Pape devenant hérétique et prennent position concernant la perte éventuelle du Pontificat. Ainsi, il n’est pas surprenant que leurs noms apparaissent deux fois dans la colonne « Principaux défenseurs » : parmi ceux qui soutiennent que le Pape ne tombera jamais dans l’hérésie (première opinion de la classification de Saint Robert Bellarmine) et parmi ceux qui se prononcent sur la perte du Pontificat par un Pape hérétique (selon la cinquième opinion de la classification de Saint Robert Bellarmine). Voir pp. 154-155.
- Compte tenu des critères adoptés pour l’énonciation des « opinions diverses », il est clair que les positions B, B-II et B-II-3 constituent des opinions génériques, qui deviennent plus spécifiques dans ce qui suit immédiatement.