Jean XXIII (3)
Pape semi hérétique
Erreurs après son Élection jusqu’à son décès
Table de matières :
Introduction
I. Acceptation Universelle de la Papauté de Jean XXIII à partir du conclave jusqu’en 1971
I.1. Le Conclave de 1958 et l’Acceptation Immédiate
I.2. Absence d’Opposition Organisée avant l’Ouverture de Vatican II (1958-1962)
I.3. Les Apparitions de Seredne et les Pénitents : Aucun Rejet Explicite avant 1971
I.4. Émergence Tardive du Sédévacantisme
I.5. Critiques de Vatican II sans Contestation de Légitimité (1962-1971)
I.6. Preuves Ecclésiales de Légitimité
I.7. La Date Cruciale : 1971
I.8. Conclusion de la Partie I
II. Les Erreurs Doctrinales de Jean XXIII après son Élection
II.1. Hérésie Éventuelle dans l’Encyclique Pacem in Terris (11 avril 1963)
II.1.a. Paragraphe 14 – Texte Latin Authentique (Ambigu, non Hérétique)
II.1.b. Traduction Française Officielle (Hérétique en Surface)
II.1.c. Suivi de la Conscience
II.1.d. Paragraphe 144 – Louange de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme
II.2. Autres Actes et Discours Post-Électoraux
II.2.a. Promotion d’un Œcuménisme Non Traditionnel
II.2.b. Rencontres Œcuméniques
III. Notes Théologiques et Conclusion Doctrinale
IV. Conclusion finale
Introduction
Angelo Giuseppe Roncalli, élu sous le nom de Jean XXIII le 28 octobre 1958 après le décès de Sa Sainteté Pie XII, exerça son pontificat jusqu’à sa mort le 3 juin 1963. Bien que bref, ce règne fut marqué par l’annonce du Concile Vatican II en 1959, ouvert en 1962.
Comme nous avons vu dans un chapitre précédent, historiquement aucune contestation ouverte et explicite de sa légitimité papale n’apparut avant 1971, 8 ans après sa mort, comme le démontrent les faits ecclésiaux et historiques. Toute l’Église, clergé et fidèles, reconnut unanimement sa papauté de 1958 à cette date.
Le sédévacantisme – dont un certain nombre d’adhérents considère le siège apostolique vacant depuis Pie XII, d’autres après 1964 avec l’hérésie publique de Paul VI “Lumen Gentium” – n’émergea qu’après 1970, avec des contestations rétrospectives.
I : Acceptation Universelle de la Papauté de Jean XXIII à partir du conclave jusqu’en 1971
I.1. Le Conclave de 1958 et l’Acceptation Immédiate (voir chapitre sur l’AUP de Mgr. Roncalli)
Comme démontré dans ledit chapitre, le conclave réunit 51 cardinaux et se déroula selon les règles canoniques strictes établies par l’Église. L’élection de Jean XXIII fut acceptée unanimement par les cardinaux présents et par la communauté catholique mondiale. Aucune preuve historique n’atteste d’une contestation contemporaine.
Même la thèse dite « Siri », alléguant une élection du cardinal Giuseppe Siri supplantée, n’émergea qu’au cours des années 1960 et ne fut formulée sérieusement qu’après 1971. Le cardinal Siri, archevêque de Gênes, reconnut lui-même publiquement et officiellement Jean XXIII, sans jamais contester ouvertement son élection.
Si jamais Siri aurait été élu pape dans le conclave – de quel fait il y a six témoignages et signes – il est clair qu’il ait abdiqué dans ce même conclave et en tout cas implicitement en acceptant Jean XXIII ouvertement et officiellement comme pape pendant des années après le conclave.
I.2. Absence d’Opposition Organisée avant l’Ouverture de Vatican II (1958-1962)
Durant les premières années, Jean XXIII se consacra à des initiatives pastorales et à la préparation du concile, suscitant l’espoir chez les progressistes et une inquiétude mesurée chez les conservateurs.
Avant 1962, aucun groupe catholique, ni évêque ou authorité catholique ne le qualifia d’illégitime. Même Mgr Marcel Lefebvre, alors supérieur général des Spiritains, souhaitait hardiment un concile pour continuer le travail de Vatican I, soudainement interrompu par la guerre Franco-allemande, et il n’exprima que de réserves prudentes sur l’orientation conciliaire, sans jamais rejeter la papauté de Jean XXIII, ni la mettre en doute.
I.3. Les Apparitions de Seredne et les Pénitents : Aucun Rejet Explicite avant 1971
À Seredne (Ukraine), les apparitions mariales débutèrent le 20 décembre 1954 sous la direction du père Ignatius Soltys et de sa sœur Hanna Kuzminska. Les messages, rapportés dans Divine Mysteries et The Miracle of Seredne (Soltys, 2016), prédisaient que « le pape serait trahi et assassiné » et que « Rome tomberait ». Ces visions, antérieures à 1958, ne visaient pas nécessairement ni directement Jean XXIII. Entre 1958 et 1971, les Pénitents (Pokutnyky) purent réinterpréter ces messages à la lumière de Vatican II, mais aucune preuve n’indique qu’ils qualifièrent explicitement Jean XXIII de contre-pape. Leur priorité restait la persécution soviétique, et leur isolement limita les déclarations publiques.
I.4. Émergence Tardive du Sédévacantisme
La conviction que le siège est vacant depuis Pie XII n’apparut qu’après 1970. Aucun groupe structuré ni évêque ou prêtre ne rejeta Jean XXIII comme contre-pape avant cela. Le père Joaquín Sáenz y Arriaga publia “Sede Vacante” qu’en 1971, qualifiant rétrospectivement Jean XXIII et Paul VI d’illégitimes. En 1963 (“La nueva Iglesia Montiniana”), il critiquait Vatican II sans désigner encore Jean XXIII comme contre-pape.
I.5. Critiques de Vatican II sans Contestation de Légitimité (1962-1971)
Vatican II suscita des inquiétudes chez les traditionalistes, mais celles-ci portaient sur les réformes, non sur la légitimité de Jean XXIII. De sa mort en 1963 à 1971, les catholiques, y compris conservateurs, le reconnaissaient comme pape. Des groupes comme le Roman Catholic Movement (fondé en 1972) et les sédévacantistes ne s’organisèrent qu’après 1971, sous l’impact des réformes de Paul VI (nouvelle messe de 1969).
I.6. Preuves Ecclésiales de Légitimité
Les documents officiels de l’Église et le clergé mondial reconnurent Jean XXIII comme pape légitime de 1958 à 1963 et loin après sa mort. Sa mort fut pleurée universellement, et Paul VI confirma son autorité en poursuivant Vatican II.
Comme mentionné, avant 1971, aucun cas documenté ne montre un groupe catholique contestant ouvertement sa papauté.
I.7. La Date Cruciale : 1971
Résumons : la première contestation explicite surgit en 1971 avec “Sede Vacante” de Sáenz y Arriaga, marquant le début du sédévacantisme organisé dont une partie rejetait rétrospectivement Jean XXIII pour cause de Vatican II. Avant cela, tous les catholiques – des Pénitents de Seredne aux prêtres conservateurs – le reconnaissaient comme pape, malgré réserves implicites ou réinterprétations eschatologiques ultérieures. Les apparitions de Seredne, trop précoces, ne le visaient donc pas ; les interprétations postérieures restèrent internes.
1971 sépare l’acceptation universelle des remises en question explicites.
I.8. Conclusion de la Partie I
Jusqu’en 1971, aucun catholique n’explicita de doute sur la papauté de Jean XXIII.
II : Les Erreurs Doctrinales de Jean XXIII après son Élection
II.1. Hérésie Éventuelle dans l’Encyclique Pacem in Terris (11 avril 1963)
Cette encyclique magistérielle traite des droits de l’homme et de la paix. L’analyse distingue le texte latin authentique des traductions officielles.
II.1.a. Paragraphe 14 – Texte Latin Authentique (Ambigu, non Hérétique)
« In hominis iuribus hoc quoque numerandum est, ut et Deum, ad rectam conscientiae suae normam, venerari possit, et religionem privatim publice profiteri. »
Traduction française littérale : « Parmi les droits de l’homme, il faut compter aussi celui de pouvoir vénérer Dieu selon la norme droite de sa conscience, et de professer la religion en privé et en public. »
Ici, « religionem » désigne la religion vraie (catholique), et « rectam conscientiae suae normam » une conscience formée par la loi éternelle, incapable d’errer sur les vérités de foi sans faute. Cela s’accorde avec la doctrine : tolérance privée de l’erreur invincible, mais condamnation de sa propagation publique.
Cf. Syllabus Errorum de Pie IX, proposition 15 : « Liberum cuique homini est eam amplecti ac profiteri religionem, quam rationis lumine ductus veram putaverit. » (Condamnée.)
Le texte n’accorde pas de droit objectif à l’erreur publique, mais à la quête de vérité via une conscience droite. Orthodoxe, quoique insuffisamment clair.
II.1.b. Traduction Française Officielle (Hérétique en Surface)
« Chacun a le droit d’honorer Dieu suivant la juste règle de la conscience et de professer sa religion dans la vie privée et publique. »
« Sa religion » introduit un droit subjectif à professer toute religion, même fausse, publiquement. Cela contredit le Syllabus (prop. 15) et Quanta Cura de Pie IX, condamnant l’indifférentisme.
Cf. Mirari Vos de Grégoire XVI (15 août 1832) : « De cette source empoisonnée de l’indifférentisme, découle cette maxime fausse et absurde ou plutôt ce délire : qu’on doit procurer et garantir à chacun la liberté de conscience ; erreur des plus contagieuses… »
La cause probable de cette traduction défaillante réside dans l’infiltration maçonnique au Vatican, comme l’expose le théologien Don Luigi Villa (dossiers sur https://chiesaviva.com/).
Le pape n’est directement responsable que de l’original latin, les traductions ne sont faites que par des secrétariats de dicastères de la Curie Romaine.
II.1.c. Suivi de la Conscience
La doctrine pré-1963 condamne le suivi public d’une conscience erronée si elle propage l’erreur.
Cf. Immortale Dei de Léon XIII (1885) : « C’est ainsi que, dans sa Lettre-Encyclique Mirari vos, du 15 août 1832, Grégoire XVI… a repoussé ce que l’on avançait dès lors, qu’en fait de religion, il n’y a pas de choix à faire: que chacun ne relève que de sa conscience… »
Saint Thomas d’Aquin : Agir contre une conscience certaine est peccamineux (Summa Theologica, Ia-IIae, q. 19, a. 5). Une conscience erronée ne dispense pas si elle propage l’erreur contre la loi divine (Summa Theologica, Ia-IIae, q. 19, a. 6, ad 3).
« Rectam conscientiae » vise la vérité objective (thomisme). Le latin prévaut et reste fidèle.
- Paragraphe 144 – Louange de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme
Louange sans subordination explicite à la révélation catholique.
Dans une lecture isolée cala donne une hérésie matérielle de naturalisme, contraire à Quanta Cura. Et lu en contexte (par. 10-15 : subordination à la loi naturelle) c’est ambiguë.
Cf. Syllabus, prop. 39 (proposition condamnée : l’État considéré comme source de tous droits).
- 2. Autres Actes et Discours Post-Électoraux
II.2.a. Promotion d’un Œcuménisme Non Traditionnel
Le discours d’ouverture de Vatican II (11 octobre 1962) par Jean XXIII donne ceci d’étonnant : « In praesentibus rerum adiunctis Ecclesia… mavult misericordiae medicinam adhibere quam severitatis arma vibrare… errores enim, qui passim grassantur, sponte sua languescant. »
Traduction : « Dans les circonstances présentes, l’Église… préfère user du remède de la miséricorde plutôt que de brandir les armes de la sévérité… les erreurs qui se répandent partout s’éteignent d’elles-mêmes. »
Matériellement, cette affirmation affaiblit la vigilance. Voir “Pascendi Dominici Gregis” de saint Pie X, 8 septembre 1907, qui cherche à neutraliser les modernistres. Lire aussi saint Thomas sur la correction publique des erreurs graves dans la Summa Theologica, II-II, q. 33, a. 2 : la correction fraternelle est de précepte.
II.2.b. Rencontres Œcuméniques
Lors de la réception de l’archevêque anglican de Canterbury Geoffrey Francis Fisher au Vatican (1960). Cette rencontre constitue la première audience accordée par un pontife romain à un primat de l’ “Église”/secte anglicane depuis la rupture d’Henri VIII en 1534. Le communiqué final parle d’«échange fraternel » et de « prière commune pour l’unité », sans mentionner la nécessité du retour à l’Église catholique. (Acta Apostolicae Sedis 53 [1961], p. 92.)
Voir “Extra Ecclesiam Nulla Salus” (Unam Sanctam de Boniface VIII, 18 novembre 1302 : « Subesse Romano Pontifici omni humanae creaturae declaramus… extra Ecclesiam non est salus. »)
Pie XI, dans Mortalium animos (6 janvier 1928), avait réaffirmé cette doctrine : «L’union des chrétiens ne peut se procurer autrement qu’en favorisant le retour des dissidents à l’unique véritable Église du Christ » (AAS 20 [1928], p. 14)
C’était présenté comme un acte diplomatique, mais cela semble ambigu. Car préconiser l’égalité religieuse est favoriser l’indifférentisme (voir “Mirari Vos”).
III : Notes Théologiques et Conclusion Doctrinale
- Pacem in Terris, par. 14 : Version française esthérétique en surface.
- Par. 144 : Erreur matérielle de naturalisme (ambiguë en contexte).
- Œcuménisme (discours 1962) : Dangereux (affaiblit condamnation).
- Rencontres (1961) : Suspecta de haeresi (tend vers indifférentisme si égalité).
Ces erreurs, examinées à la lumière de la tradition pré-1963, sont contraires à l’exigeance de fidélité intégrale dans les articles de la foi (Summa Theologica, II-II, q. 5, a. 3).
Sans hérésie publique claire, elles constituent une semi-hérésie : Jean XXIII favorisa l’hérésie par ambiguïtés multiples, sans être formellement hérétique.
- Conclusion finale
Nous revenons à la conclusion du chapitre précédent:
– Ce qui est certain est que Mgr Angelo Giuseppe Roncalli, après son élection et jusqu’à son décès, était “semi-hérétique” (voir le chapitre sur l’ “hérésie”) dans le sens de favorisant l’hérésie.. sans jamais proférer lui-même clairement une hérésie publique au sens stricte.
Pourtant qu’il soit hérétique tout court est disputé parmi les sédévacantistes, parmi lesquels un certain nombre trouve que tous ses actes et pensées suspects ensembles constituent une attitude hérétique.
Ce n’est pourtant pas la définition classique de l’hérétique formel. Pour désigner quelqu’un comme hérétique formel il faut avoir la preuve de son expression publique d’une hérésie au sens stricte (voir chapitre sur “Hérésie”).
Jusqu’à présent nous ne sommes pas convaincu de l’existence d’une preuve claire d’une hérésie publique chez Mgr Roncalli.
Et aussi longtemps qu’il n’y en a pas, nous devons bien accepter que Jean XXIII est pape (mais favorisant l’hérésie).
– Principe universel de Droit :
Nulla poena sine culpa certa et publica. (Nulle peine sans faute certaine et publique)
Code de 1917 : (sur la distinction entre suspectus et convictus) Un individu n’est jamais déclaré hérétique sans preuve publique, notoire, certaine.
En effet le Code de 1917 exige, pour toute déclaration ou sanction d’hérésie, une preuve publique, notoire et certaine. Aucune autorité ecclésiastique ne peut déclarer quelqu’un hérétique sur la base de soupçons, de rumeurs ou de preuves douteuses. Ce principe est une application de la justice naturelle et de la doctrine catholique traditionnelle : nulla poena sine culpa certa et publica.
Ainsi, le principe que nous citons est certain, sûr et conforme au droit canonique de 1917, et il est une synthèse exacte des canons 2195, 2197, 2223 § 4 et 2314.
AMDG
Note:
Puisque dans la monde sedevacantiste plusieurs confrères, dont un certain nombre d’évêques et prêtres, tiennent une opinion différente que la mienne, j’accepte et applique l’adage “in fide unitas, in opiniis libertas, in omnibus caritas”.
Puisqu’ils sont assez nombreux, il faut tenir compte avec une “évidence extrinsèque” en leur faveur, quoique la force des arguments que j’emploie dans le texte ci-dessus le semble donner la vealeur d’une “évidence intrinsèque”. En tout cas je me soumets en avance à toute décision de l’Eglise dans cette matière.