Chers fidèles,
Permettez-moi de vous expliquer cette vérité importante avec la prudence et la fidélité à la doctrine catholique traditionnelle que l’Église nous a transmise avant les troubles du XXe siècle.
Le Seigneur Jésus-Christ nous a enseigné Lui-même que personne ne connaît le jour ni l’heure de Son retour glorieux et de la fin des temps :
« Pour ce qui est du jour et de l’heure, personne ne les connaît, ni les anges des cieux, ni le Fils, mais le Père seul. » (Matthieu 24, 36)
Cette ignorance absolue est un dogme de foi : nul ne peut prétendre fixer une date ou deviner précisément le moment, sous peine de présomption contraire à l’Évangile.
Cependant, plusieurs Pères de l’Église et docteurs catholiques ont enseigné, en s’appuyant sur la Sainte Écriture et la Tradition, qu’il existe un « nombre déterminé d’élus » que Dieu, dans Sa sagesse éternelle, a fixé de toute éternité pour compléter le Corps mystique du Christ et, selon une opinion théologique très répandue et pieuse, pour remplacer les anges déchus dans la Cité céleste.
Saint Thomas d’Aquin, suivant saint Augustin et d’autres Pères, explique que le nombre des élus est certain et limité dans le décret divin de prédestination. Dieu a prédestiné un nombre précis d’hommes à la gloire éternelle, non par nécessité, mais par libre choix de Sa bonté. Ce nombre est comme « clos » (on parle parfois, dans la théologie scolastique, d’un *numerus clausus* des élus), car il correspond au plan parfait de Dieu pour la Jérusalem céleste.
La fin des temps surviendra précisément lorsque ce nombre sera atteint : lorsque le dernier des prédestinés aura reçu la grâce de la persévérance finale et sera entré dans la gloire, soit par une mort en état de grâce. Cela dépend donc, dans l’ordre de l’exécution providentielle, des âmes qui, au long de l’histoire, répondent librement à la grâce et meurent dans l’amitié divine.
Cette doctrine n’est pas un dogme défini, mais une opinion théologique solide et commune parmi les Pères et les docteurs (saint Augustin dans « La Cité de Dieu », saint Thomas dans la « Somme Théologique », Ia, q. 23). Elle nous rappelle que le temps de la miséricorde dure tant que Dieu appelle encore des âmes à compléter le nombre des élus.
Elle ne doit pas nous décourager, mais au contraire nous stimuler à la vigilance : nous ignorons si nous faisons partie de ce nombre prédestiné, mais nous savons que Dieu donne à chacun les grâces suffisantes pour se sauver s’il y correspond fidèlement. Le moyen assuré est de vivre dans l’état de grâce, de fréquenter les sacrements traditionnels, de prier le chapelet quotidiennement et de faire pénitence.
Ainsi, plutôt que de spéculer sur le moment, efforçons-nous chaque jour d’être trouvés dignes, car « celui qui persévérera jusqu’à la fin, celui-là sera sauvé » (Matthieu 24, 13).
Que Notre-Seigneur vous accorde la grâce de la persévérance finale, et que la Vierge Marie, Mère de miséricorde, vous obtienne cette faveur insigne.
En union de prières,
Votre serviteur dans le Christ.
Eric Jacqmin+