Dans quels temps sommes-nous?

Chers fidèles,

Permettez-moi de vous expliquer, avec la prudence qui convient à ces matières, l’enseignement du vénérable Barthélémy Holzhauser (1613-1658) dans son commentaire sur l’Apocalypse de saint Jean, intitulé *Interpretatio in Apocalypsin*.

Ce saint prêtre allemand, déclaré vénérable par l’Église, divise l’histoire de l’Église militante en sept périodes ou âges, correspondant aux sept Églises d’Asie mentionnées aux chapitres 2 et 3 de l’Apocalypse, aux sept jours de la Création, aux sept dons du Saint-Esprit, et à d’autres septénaires bibliques. Cette division est une interprétation privée, hautement estimée par de nombreux théologiens catholiques, mais non un dogme défini ; elle aide cependant à comprendre les temps que nous traversons.

Voici brièvement ces sept âges :

1. Premier âge (status seminativus) : des Apôtres jusqu’aux premières persécutions (Église d’Éphèse).
2. Deuxième âge (status irrigativus) : temps des martyrs, de Néron à Constantin (Église de Smyrne).
3. Troisième âge (status illuminativus) : illumination, de Constantin à Charlemagne (Église de Pergame).
4. Quatrième âge (status pacificus) : paix et fructification, du Moyen Âge jusqu’à la Réforme (Église de Thyatire).
5. Cinquième âge (status afflictionis et purgativus) : temps d’affliction, de désolation, d’humiliation et de pauvreté pour l’Église, commençant avec Luther et le pape Léon X (vers 1520), correspondant à l’Église de Sardes (Apocalypse 3, 1-6).
6. Sixième âge (status consolationis) : grande consolation, paix universelle, triomphe de l’Église sous un saint pontife et un grand monarque, jusqu’à la naissance de l’Antéchrist (Église de Philadelphie).
7. Septième âge (status desolationis) : désolation finale, règne de l’Antéchrist jusqu’à la fin du monde (Église de Laodicée).

Selon cette interprétation, nous nous trouvons actuellement à la fin du cinquième âge, celui de la tribulation. Le vénérable Holzhauser le décrit ainsi : un état de trouble, de désolation, d’humiliation et de pauvreté pour l’Église ; elle est opprimée par les hérétiques, méprisée par les mauvais catholiques, dépouillée par les impôts et les extorsions ; la discipline ecclésiastique est relâchée, les canons méprisés, et une grande apostasie sévit. Ce temps est purgatif : Dieu permet ces épreuves pour purifier Son Église et séparer le bon grain de l’ivraie.

Cette période, commencée au XVIe siècle avec la Réforme protestante, s’est aggravée au XXe siècle par la crise moderniste et les erreurs diffusées même au sein de l’Église visible. Nous voyons aujourd’hui l’accomplissement de ces signes : apostasie générale, persécution des fidèles attachés à la doctrine traditionnelle, obscurcissement de la foi. Mais ce n’est pas encore la fin du monde, ni le règne de l’Antéchrist (septième âge).

Le vénérable Holzhauser annonce que cette cinquième période prendra fin par un châtiment divin, suivi de l’avènement d’un saint pontife et d’un puissant monarque catholique, qui inaugureront le sixième âge : temps de grande consolation, où toutes les nations reviendront à l’unité de la foi catholique, le sacerdoce fleurira, et l’Église connaîtra un triomphe incomparable.

Ces prophéties privées ne nous dispensent pas de la vigilance évangélique : « Veillez et priez, car vous ne savez ni le jour ni l’heure » (Matthieu 25, 13). Elles nous invitent plutôt à la fidélité inébranlable à la doctrine catholique intégrale, à la pénitence, à la prière du chapelet, et à la persévérance dans la vraie Messe et les sacrements traditionnels.

Que Notre-Seigneur vous fortifie dans ces temps difficiles, et que la Très Sainte Vierge Marie, Refuge des pécheurs, vous garde sous son manteau.

En union de saintes prières,
Votre serviteur dans le Christ.

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