Saint Rémi est né en l’an 435, dans les environ de Laon et il est mort le 13 janvier 533.
Prophéties
Au IXe siècle, Raban Maur, archevêque de Mayence, rapporte que Saint Remi, à la veille du baptême de Clovis, aurait prophétisé en ces termes :
« Vers la fin des temps, un descendant des rois de France régnera sur tout l’antique Empire romain. Il sera le plus grand des rois de France et le dernier de sa race. Il arrivera comme par miracle. Il sera de la vieille cape. Le trône sera posé au Midi. Après un règne des plus glorieux, il ira à Jérusalem, sur le mont des Oliviers, déposer sa couronne et son sceptre, et c’est ainsi que finira le saint empire romain et chrétien. »
Le Baptême de Clovis:
Lors du baptême de Clovis, à minuit, alors que le Roi, la Reine et leur suite sont là. Le pieux abbé Hincmar a raconté la cérémonie de baptême de Clovis en ces termes :
Soudain, une lumière plus éclatante que le soleil inonde l’église. Le visage de l’évêque en est irradié. En même temps retentit une voix :
« La paix soit avec vous ! C’est Moi ! N’ayez point peur ! Persévérez en ma dilection ! »
Quand la voix eut parlé, une odeur céleste embauma l’atmosphère.
Le roi, la reine et toute l’assistance épouvantés se jetèrent aux pieds de saint Rémi qui les rassura et leur déclara que c’est le propre de Dieu d’étonner au commencement de ses visites et de réjouir à la fin. Puis, soudain illuminé par une vision d’avenir, la face rayonnante, l’œil en feu, Saint Rémi s’adressa directement à Clovis, chef du nouveau peuple de Dieu, et lui tint le langage de l’ancien Moïse à l’ancien peuple de Dieu :
« Apprenez mon fils que le royaume de France est prédestiné par Dieu à la défense de l’Eglise Romaine, qui est la seule véritable Eglise du Christ. Ce royaume sera un jour grand entre tous les royaumes. Et il soumettra tous les autres peuples à son sceptre. Il durera jusqu’à la fin des temps. Il sera victorieux et prospère tant qu’il sera fidèle à la foi romaine. Mais il sera durement châtié toutes les fois qu’il sera infidèle à sa vocation. »
Testament de Saint Rémi
Moi, Rémi, évêque de la cité de Reims, revêtu du sacerdoce, ai fait mon testament, conformément au droit prétorien ; j’ai voulu qu’il ait la force d’un codicille, dans le cas où il y manquerait quelque formalité. Quand moi, Rémi, évêque, j’aurai quitté cette vie, je t’institue mon héritière, ô sainte et vénérable Église catholique de la ville de Reims, (…)
[Suit la répartition des biens que possédait Rémi. Au milieu de cette énumération, on trouve ce passage intéressant, car il fait allusion aux miracles accomplis pour le salut des Francs, dont vraisemblablement le miracle de la sainte ampoule :]
A l’égard des villages que mon seigneur d’illustre mémoire, le roi Clovis, que j’ai tenu sur les saints fonts du baptême, m’a donnés en propre, lorsque, païen encore, il ne connaissait pas le vrai Dieu, je les ai consacrés aux lieux les plus pauvres, de peur qu’il ne crût, infidèle qu’il était, que je fusse attaché aux choses de ce monde et moins occupé de son salut que des biens temporels. Il a admiré ma conduite, et a consenti avec bonté et générosité, tant avant qu’après son baptême, que j’intercédasse en faveur de tous ceux qui souffraient .
Comme il a reconnu que de tous les évêques de la Gaule, c’est moi qui ai le plus travaillé à la conversion des Francs, Dieu m’a donné tant de crédit auprès de lui, et la vertu divine, par la grâce du Saint-Esprit, a fait opérer par moi, pauvre pécheur, tant de miracles pour le salut des Francs, que le roi a non seulement restitué à toutes les Églises du royaume tout ce qu’on leur avait enlevé, mais encore en a enrichi beaucoup d’autres de son bien propre, par un effet gratuit de sa libéralité 3. (…)
Que le présent testament, observé fidèlement et inviolablement par mes frères et successeurs les évêques de Reims, maintenu et défendu partout par mes très chers fils les rois de France par moi consacrés au Seigneur à leur baptême, par un don gratuit de Jésus-Christ et la grâce du Saint-Esprit, obtienne à tout jamais une force inviolable et perpétuelle dans ses dispositions, envers et contre tout (…)
Seulement, par égard pour la famille royale qu’avec tous mes frères et co-évêques de la Germanie, de la Gaule et de la Neustrie, pour l’honneur de la sainte Église et la défense des pauvres, j’ai choisie délibérément pour être élevée à tout jamais au sommet de la majesté royale, que j’ai baptisée, que j’ai tenue sur les fonts baptismaux, marquée des sept dons du Saint-Esprit, et sacrée de l’onction des rois, par le saint chrême du même Saint-Esprit, j’ai ordonné ce qui suit :
Malédictions
Si un jour cette famille, tant de fois consacrée au Seigneur par mes bénédictions, rendant le mal pour le bien, usurpe, ravage ou détruit les églises de Dieu, et s’en déclare l’ennemie ou la persécutrice, que les évêques du diocèse de Reims soient convoqués et lui fassent d’abord des remontrances, qu’ensuite l’Église de Reims, s’adjoignant sa sœur l’Église de Trèves, aille une deuxième fois trouver le roi. La troisième fois, que trois ou quatre archevêques des Gaules seulement soient convoqués et fassent des remontrances au prince, quel qu’il soit en sorte que la longanimité de la tendresse paternelle diffère jusqu’au septième avertissement, si les premiers n’obtiennent aucun succès .
Enfin, si au mépris de toutes les remontrances, il ne dépose pas cet esprit d’obstination incorrigible, s’il refuse de se soumettre à Dieu et de participer aux bénédictions de l’Église, que tous prononcent contre lui la sentence de séparation du corps de l’Église, par la formule que l’on sait avoir été chantée il y a longtemps par le prophète-roi David, sous l’inspiration de ce même Saint-Esprit qui est dans les évêques : « Parce qu’il a persécuté l’indigent, le pauvre, l’homme au coeur contrit, parce qu’il ne s’est point souvenu de la miséricorde et qu’il a aimé la malédiction, celle-ci lui arrivera ; il n’a point voulu de la bénédiction, elle s’éloignera » (Ps 108, 16- 18 ). Et tout ce que l’Église a l’habitude de chanter de Judas le traître et des mauvais évêques, que toutes les églises le chantent de lui .
Parce que le Seigneur a dit : « Tout ce que vous avez fait au plus petit des miens, c’est à moi que vous l’avez fait, et tout ce que vous ne leur avez pas fait, c’est à moi que vous ne l’avez pas fait » (Mt 25, 40 & 45), ainsi ce qui est vrai pour la tête l’est aussi pour les membres. Il ne faut changer qu’un seul mot par interposition : « Que ses jours soient abrégés et qu’un autre reçoive l’autorité royale 2 ! » (Ps 108, 8.)
Si mes successeurs les archevêques de Reims négligent d’accomplir ce que j’ai ordonné, qu’ils soient frappés de malédictions et qu’ils subissent les peines portées contre les princes : « Que leurs jours soient abrégés, et qu’un autre reçoive leur évêché . »
Bénédictions
Mais si Notre Seigneur Jésus-Christ daigne écouter les prières que je répands tous les jours en présence de la majesté divine, spécialement pour la persévérance de cette famille royale, suivant mes recommandations , dans le bon gouvernement de son royaume et le respect de la hiérarchie de la sainte Église de Dieu, qu’aux bénédictions que le Saint-Esprit a versées par ma main pécheresse sur la tête de son chef, le même Esprit-Saint joigne d’autres bénédictions plus abondantes, et que de lui sortent des rois et des empereurs qui, pour le présent et pour l’avenir, selon la volonté du Seigneur, confirmés dans la vérité et la justice pour l’extension de la sainte Église, puissent conserver le royaume et en reculer chaque jour les limites ; puissent-ils être élevés aussi sur le trône dans la maison de David, c’est-à-dire dans la Jérusalem céleste, pour y régner éternellement avec le Seigneur. Ainsi soit-il .
Fait à Reims même jour que dessus, et sous le consul sus-nommé, en présence et avec la participation des soussignés :
+ Moi, Rémi, évêque, j’ai relu, signé, scellé et fermé ce testament, avec la grâce de Dieu, au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit.
Ce testament signé du grand Évêque le fut également par six autres Évêques et d’autres Prêtres. Trois de ces Évêques sont réputés pour leur sainteté : saint Vedast, Évêque d’Arras, saint Médard, Évêque de Noyon, saint Loup, Évêque de Soissons.
Ils le signèrent sous la formule suivante :
«X…. Évêque.
«Celui que mon Père Remy a maudit, je le maudis, celui qu’il a béni, je le bénis. «Et j’ai signé».
Le Cardinal Baronius, après onze siècles, de constata : « Malgré les crimes de ses Rois, le Royaume de France n’a jamais passé sous une domination étrangère et le peuple Français n’a jamais été réduit à servir d’autres Peuples. »
C’est cela qui a été accordé par une promesse divine, aux prières de saint Remy, suivant la parole de David (Ps. 88) : « Si Mes Fils abandonnent Ma loi ; s’ils ne marchent point dans la voie de Mes Jugements ; s’ils profanent Mes justices et ne gardent point Mes commandements, Je visiterai leurs iniquités avec la verge et leurs péchés avec le fouet ; mais Je n’éloignerai jamais de ce peuple Ma miséricorde ».
En lisant le Testament de Saint Remy, ne croirait-on pas entendre Moïse sur le Nebo : «Voici que je vous mets aujourd’hui devant les yeux la bénédiction et la malédiction. La bénédiction, si vous obéissez aux Commandements du Seigneur votre Dieu, que je vous prescris aujourd’hui ; la malédiction, si vous n’obéissez point à ces mêmes commandements et vous retirez du chemin que je vous montre maintenant… (Deut. XI, 26-30).
A la suite de Clovis et plus tard, en 589, en Espagne, Récarède, Roi des Wisigoths, abjura l’arianisme sous l’influence de saint Léandre, archevêque de Tolède.