Élisabeth Canori est née à Rome, le 21 novembre 1774, de parents illustres.
Elle fut accueillie en 1820 au Tiers-Ordre séculier des Trinitaires Déchaussés, comme sa contemporaine Anna-Maria Taïgi, sous le nom de Jeanne-Félix de la très Sainte Trinité. Elle se confessait et communiait chaque jour ; le Chemin de la Croix était l’une de ses dévotions de prédilection.
Déjà de son temps, les sociétés secrètes, de concert avec les mauvais Chrétiens, méditaient la ruine du pouvoir temporel du Saint-Siège pour arriver plus facilement à anéantir la Sainte-Église. Comme Anna-Maria Taïgi, la vénérable Elisabeth sut déjouer leurs machinations par l’offrande d’elle-même à la justice de Dieu, dont elle retarda les coups qui devaient plus tard atteindre si cruellement les coupables.
Un jour, vers le 15 février 1821, après avoir enduré toutes les douleurs du crucifiement de la part des démons qui enrageaient de la voir déjouer toutes leurs trames infernales contre la Sainte Église, elle fut inondée des joies ineffables du Paradis, et Notre Seigneur lui adressa les paroles suivantes :
« Ton sacrifice fort et constant a fait violence à Ma justice irritée. Je suspends, pour l’instant, le châtiment mérité et je fais place et laisse agir Ma miséricorde. Les Chrétiens ne seront pas dispersés, ni Rome privée de ses Pontifes. Je réformerai Mon peuple et Mon Église. J’enverrai des prêtres très zélés et Mon Esprit renouvellera la face de la terre ; Je rendrai la ferveur aux Ordres religieux par le moyen de réformateurs savants et saints et tous posséderont l’esprit de mon fils bien-aimé Ignace de Loyola. Je donnerai à mon Église un nouveau Pasteur, saint et rempli de Mon Esprit : par son grand zèle, il sanctifiera Mon troupeau ».
Élisabeth Canori-Mora fut favorisée d’une visite de Saint Pierre dans une vision concernant le relèvement et le triomphe de l’Église, de la manière dont elle le rapporta et l’écrivit elle-¬même, par obéissance à son confesseur :
« En 1820, le jour de la fête de saint Pierre, comme je priais pour les besoins de l’Église et pour la conversion des pécheurs, au nombre desquels j’occupe le premier rang, je fus ravie au ciel et placée tout près de Dieu. Par le moyen d’une lumière inaccessible, je fus si intimement unie à Lui, que je ne me reconnaissais plus moi-même, étant toute transformée dans cette lumière divine. Je reçus la douce impression de la Charité de Dieu ; le contentement et la joie que j’éprouvais alors sont indéfinissables cependant que mon esprit restait parfaitement calme au milieu de ces divines tendresses. Je vis le ciel s’ouvrir et en descendre avec majesté Saint Pierre, le Prince des Apôtres, environné de gloire et accompagné d’une multitude d’esprits célestes chantant des cantiques et des hymnes de louange. Le Bienheureux Apôtre était revêtu de ses habits pontificaux Il tenait en main le bâton pastoral avec lequel il traça sur le sol terreux une grande croix. Pendant qu’il traçait cette croix, il était entouré par les anges, qui chantaient en son honneur ces paroles du psalmiste : « Constitues eos principes super omnem terram… » (« Vous les établirez princes sur toute la terre »). Après cela, l’Apôtre toucha avec sa crosse les quatre extrémités de la croix, et au même instant, il en sortit quatre arbres magnifiques portant des fleurs et des fruits très précieux. Ces arbres mystérieux avaient eux-mêmes la forme d’une croix et une lumière splendide les entourait. Alors je compris dans l’intime de mon âme que saint Pierre avait fait croître ces quatre arbres symboliques pour servir de lieu de refuge aux troupeaux des fidèles amis de Jésus-Christ et les préserver du châtiment épouvantable qui mettra la terre sens dessus dessous. Le bienheureux apôtre alla ensuite ouvrir toutes les portes des couvents. Ces arbres devaient servir de lieu de refuge au petit troupeau de Jésus-Christ, et tous les fidèles qui auront gardé dans leur cœur la foi de Jésus-Christ, ainsi que les religieux et les religieuses qui auront conservé fidèlement l’esprit de leur institut seront tous abrités sous ces arbres et délivrés de l’affreux châtiment. Mais malheur aux religieux et religieuses qui n’observent pas leurs règles ! Trois fois malheur à eux ! car ils seront tous frappés du terrible châtiment. Malheur aussi à tous les prêtres indignes et à tous les séculiers qui se livrent à la volupté et s’adonnent au libertinage en suivant les fausses maximes de la philosophie moderne, condamnée par l’Église comme étant contraire aux préceptes de l’Évangile ! Ces malheureux qui lient la foi de Jésus-Christ par leur conduite scandaleuse périront sous le poids du bras vengeur de la justice de Dieu ; aucun d’eux ne pourra s’y soustraire.
Tous les bons Chrétiens s’étant réfugiés sous les arbres mystérieux, je les vis sous la figure de jolies brebis confiées à la garde de Saint Pierre, leur pasteur, et professant envers lui la plus humble soumission et la plus respectueuse obéissance. Dès que le Prince des Apôtres eut mis en ce lieu sûr le troupeau de Jésus-Christ, il remonta au Ciel, accompagné de la troupe des anges. A peine eurent-ils disparu, que le ciel se couvrit de nuages si sombres et si épais, qu’il était impossible de le regarder sans en être effrayé. Soudain, il s’éleva un vent terrible et impétueux dont le sifflement ressemblait aux rugissements d’un lion en fureur. L’écho de ce bruit épouvantable retentissait par toute la terre. L’effroi et la terreur se répandront non-seulement parmi les hommes, mais aussi parmi les animaux.
Tous ces hommes seront en insurrection les uns contre les autres et s’entre-tueront sans pitié. Durant cette horrible et sanglante boucherie, la main vengeresse de Dieu s’appesantira sur ces malheureux, et par Sa toute puissance Il brisera leur orgueil et leur témérité. Il emploiera les puissances de l’enfer pour exterminer ces hommes impies et ces hérétiques sectaires qui voulaient renverser l’Église et la détruire jusque dans ses fondements. Par leur malice audacieuse, ces hommes présomptueux iniques croyaient, dans leur impiété, pouvoir renverser Dieu de Son trône suprême ; mais le Seigneur méprisera leurs artifices, et, par un signe de Sa main toute-puissante, Il punira ces perfides blasphémateurs, en donnant aux puissances infernales la permission de sortir de l’enfer.
D’innombrables légions de démons parcourront la terre et exécuteront les arrêts de la justice divine par les grands désastres qu’ils occasionneront. Ces esprits mauvais attaqueront tout et ils nuiront aux hommes, aux familles, aux propriétés, aux meubles, aux productions alimentaires, aux villes, aux villages, aux maisons. Rien de ce qui se trouve sur la terre ne sera épargné.
Dieu permettant que ces sycophantes et sectaires soient frappés de mort par la cruauté des démons et punis par une mort tragique et barbare, parce qu’ils se seront librement adonnés aux puissances infernales et qu’ils auront fait un contrat avec elles contre l’Église catholique.
Dieu voulant pénétrer davantage mon esprit du sentiment de Sa justice, me montra l’effroyable prison : je vis alors s’ouvrir dans les profondeurs de la terre une sombre et effrayante caverne pleine de feu d’où sortaient des multitudes de démons, qui, sous la forme d’hommes et d’animaux venaient ravager le monde, ne laissant partout que ruines et effusions de sang.
Heureux les bons et véritables catholiques ! Ils ressentiront la puissante protection des apôtres saint Pierre et saint Paul, qui veilleront sur eux contre ce déchaînement d’hommes et de démons, afin qu’il ne leur soit fait aucun dommage, ni à leurs personnes, ni à leurs biens. Les mauvais esprits dévasteront tous les lieux où Dieu aura été outragé, méprisé, et blasphémé. Les édifices de ces lieux seront ruinés, anéantis et il n’en restera aucun vestige.
Après ce châtiment effroyable, je vis tout à coup le ciel s’ouvrir. Saint Pierre descendit de nouveau sur la terre ; il était revêtu de ses ornements pontificaux et entouré d’un grand nombre d’anges qui chantaient des cantiques à sa gloire, le reconnaissant ainsi pour souverain de la terre. Je vis ensuite saint Paul descendre du ciel. Sur l’ordre de Dieu, il parcourut l’univers en enchaînant les démons, et les ayant amenés devant saint Pierre, celui-ci leur ordonna de retourner dans l’enfer d’où ils étaient sortis.
Alors une grande clarté apparut sur la terre ; elle annonçait la réconciliation de Dieu avec les hommes. Les anges conduisirent, devant le trône du Prince des Apôtres, le petit troupeau resté fidèle à Jésus-Christ. Ces bons et fervents chrétiens lui témoignèrent le plus profond respect ; et, louant Dieu, ils remercièrent l’Apôtre de les avoir préservés de la ruine générale, et d’avoir soutenu l’Église de Jésus-Christ, en ne permettant pas qu’elle fût entraînée par les fausses doctrines du monde.
Saint Pierre choisit alors le nouveau Pontife. L’Église fut ensuite reconstituée, les ordres religieux rétablis, et les maisons particulières des Chrétiens devinrent semblables à des couvents, tellement étaient grande leur ferveur et leur zèle pour la gloire de Dieu.
Tel sera le triomphe éclatant réservé à l’Église catholique. Elle sera louée, honorée et estimée de tous ; tous se donneront à elle en reconnaissant le Souverain Pontife pour « le Vicaire de Jésus-Christ ». »
Le 8 décembre 1820, Fête de l’Immaculée-Conception de la Sainte- Vierge, le Seigneur révéla à Elisabeth les complots ourdis à Rome par les impies pour détruire la religion catholique ; il lui déclara qu’il allait frapper les hommes d’un châtiment terrible et que, pour ne point arrêter les coups de sa justice, il était résolu de ne plus accepter les prières et les sacrifices de ses âmes de prédilection. Il lui recommanda de ne pas chercher à le désarmer, car, lui disait-il, il n’agréait plus les prières faites à ce sujet. Il lui fit voir ensuite par les saints apôtres Pierre et Paul, que les loges, par suite des ordres qui leur avaient été donnés, projetaient de transférer le Souverain Pontife. Affligée, Elisabeth communiqua à son père spirituel les secrets desseins de Dieu ».